Sans avoir la beauté insolente de Bruges ou de Gand, Courtrai cultive son charme secret et assume une certaine opulence, lovée autour de la Lys. Au XIIIe siècle, ne faisait-elle pas partie de la région la plus riche d’Europe ? Un fier beffroi, un somptueux hôtel de ville qui se visite tout l’été, un béguinage ouvert au public, un nouveau spectacle sur la bataille des Éperons d’or à la collégiale Notre-Dame et un chouette quartier piéton commerçant : la cité ne manque pas d’atouts. Petite balade guidée en huit lieux incontournables…
J’ai vu le spectacle et, franchement, on n’a aucun mal à entrer dans cet épisode historique ancien. C’est bien fait, c’est raconté comme une histoire, c’est pédagogique et, en plus, c’est 100% gratuit !
1. La Grand Place ou Grote Markt de Courtrai
Malgré ses mille et un styles architecturaux, la Grand Place de Courtrai ne manque pas d’allure.
Son beffroi se dresse (plus ou moins) au centre, ultime vestige de l’ancienne halle aux draps médiévale.
Deux jacquemarts en bronze sonnent les heures, invitant le visiteur à lever le nez. Mante, le personnage masculin, et Kalle, la dame, frappent les quarts d’heure, les demi-heures et les heures pleines, avant la petite mélodie qui marque ces dernières.
2. L’hôtel de ville et son intérieur époustouflant
À l’autre bout de la place, ne manquez pas le très bel hôtel de ville de style gothique tardif Renaissance, dont la façade est ornée des statues des principaux comtes de Flandre.
Bonne nouvelle : l’été, il se visite tous les jours, autant dire qu’il serait dommage de ne pas en profiter.
Salle des échevins, salle du conseil, vitraux avec les différents métiers du XVe, impressionnantes peintures du XIXe, cheminées monumentales… La richesse passée de la ville se lit au fil des salles et des éléments de décoration du bâtiment.
L’Hôtel de ville en pratique
Grote Markt 54, 8500 Courtrai
En juillet et août, ouvert les jours entre 14 h et 18 h.
Le reste de l’année, il se visite uniquement sur demande (toerisme@kortrijk.be avec un guide).
3. Le béguinage Sainte-Élisabeth de Courtrai
C’est à Jeanne de Flandre qu’on doit le béguinage de Courtrai, fondé en 1238. La comtesse est d’ailleurs toujours présente, sous forme de statue, sur la placette près du porche d’entrée.
Vraie petite ville dans la ville, le béguinage est composé de 42 maisonnettes du XVIIe siècle.
Il a fonctionné sans discontinuer de sa fondation jusqu’à 2012, date de la mort de la dernière béguine.
Les jolies maisonnettes blanches sont aujourd’hui propriété de la ville, qui les loue à des couples ou des personnes seules.
Mais il reste pourtant une béguine (factice mais plus vraie que nature !), qui guette le passage des visiteurs, installée derrière une vitre, dans un intérieur d’époque.
Un musée interactif
L’ensemble a été classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, en 1998. Et on comprend pourquoi en voyant la beauté et le calme de ce béguinage, dont la restauration s’est achevée il y a seulement 40 ans.
Aujourd’hui charmant café, Huyze Begga était naguère la maison de la Grande Dame, patronne du béguinage Sainte-Élisabeth.
Par ailleurs, aménagé dans la salle Sainte-Anne, un musée interactif raconte l’histoire du béguinage à travers les siècles. Le temps m’a malheureusement manqué pour le découvrir…
Le béguinage Sainte-Élisabeth en pratique
Begijnhofstraat 2, 8500 Courtrai
4. La collégiale Notre-Dame et son spectacle 1302 gratuit
Cette église du XIIIe siècle, plus ancien bâtiment de la ville, faisait autrefois partie du château comtal, comme en attestent les restes de fortifications, à l’extérieur.
Amateurs de peinture flamande, n’y manquez pas L’Élévation de la Croix d’Antoine van Dyck (1632), l’un des cinq maîtres flamands majeurs (à savoir van Eyck, Brueghel l’ancien, Memling, Rubens et van Dynck).
Entré dans l’atelier de Rubens à l’âge de 16 ans, van Dyck suit les traces de son maître, en utilisant beaucoup la couleur. Mais il assume également son propre style, en travaillant l’expression des visages et en les rendant plus humains que chez Rubens. Prix de l’œuvre à l’époque ? 100 pièces d’argent et un paquet de gaufres de Courtrai !
De l’autre côté de la collégiale, ne manquez pas non plus la chapelle des comtes et sa galerie de délicats portraits des comtes de Flandre. Je les trouve magnifiques et je vous ai fait un panoramique, histoire de capter le maximum de personnages sur une même image.
Je vous laisse choisir votre camp…
Ce qui est nouveau, dans cette chapelle, c’est le spectacle son et lumière immersif entièrement gratuit. Son sujet ? La bataille des éperons d’or, brillante victoire flamande contre le roi de France.
Toutes les demi-heures, murs et fenêtres de la chapelle se transforment en écran géant, le temps de revivre cette année 1302 et les grands moments de la bataille.
J’ai vu le spectacle et, franchement, on n’a aucun mal à entrer dans cet épisode historique pourtant ancien. C’est bien fait, c’est raconté comme une histoire, c’est pédagogique et, en plus, c’est 100% gratuit !
Puis, à l’extérieur de la chapelle, une table interactive de 12 mètres de long propose de creuser un peu plus le sujet. Habiller un chevalier de sa tenue d’apparat, suivre l’évolution du conflit ou comprendre comment un chevalier français et un tisserand flamand ont vécu la bataille : ces expériences en apprennent plus sur cet épisode qui fait, encore aujourd’hui, la fierté de Courtrai.
Alors, certains aiment ces nouvelles animations (la commune a d’ailleurs obtenu un prix européen du tourisme pour 1302), tandis que d’autres critiquent le fait que Notre-Dame soit devenu un musée. Je vous laisse choisir votre camp…
La collégiale Notre-Dame en pratique
Deken Zegerplein 1, 8500 Courtrai
Ouvert tous les jours de 10 h à 17 h (dernière entrée à 16 h 15 pour le film).
Réservation obligatoire sur le site de 1302
https://www.kortrijk1302.be/fr
5. L’église Saint-Martin et son triptyque de Rijckere
Construite, détruite, reconstruite et transformée au fil des siècles, l’église Saint-Martin abrite diverses œuvres d’art. Joyau d’entre les joyaux ? Le Triptyque du Saint-Esprit, de Bernard de Rijckere, représentant une scène de Pentecôte, encadrée par le baptême de Jésus et la création d’Adam.
Cette œuvre fin Renaissance de toute beauté fait partie, comme L’élévation de la Croix d’Antoine van Dyck, du parcours des Maîtres flamands in situ à Courtrai. D’autres parcours ont été créés dans d’autres villes de Flandre (Bruges, Gand, Louvain, Malines…), toujours dans le même but : tisser un fil entre les sites où se trouvent les œuvres des Maîtres flamands. Des sites qui sont souvent leur lieu d’origine, à savoir l’endroit pour lequel ces beautés ont été créées.
Tous les parcours sont ICI
Et, depuis peu, il est possible de monter dans le clocher, haut de 83 mètres.
La tour est ouverte du lundi au dimanche, de 10 h à 17 h (dernier accès à 16 h).
Réservations sur visitkortrijk.be (rubrique A voir et à faire, top 10 de Courtrai, l’église Saint-Martin et sa tour).
L’église Saint-Martin en pratique
Sint-Maartens-kerkstraat, 8500 Courtrai.
Ouvert du lundi au vendredi, de 7 h 30 à 18 h ainsi que le samedi et dimanche, de 10 h à 18 h.
6. Les tours Broel
Symboles de la cité, les tours Broel sont tout ce qui reste des anciennes fortifications, construites par les ducs de Bourgogne pour défendre la ville.
Deux tours militaires des XIVe et XVe, reliées entre elles par un pont, abritent aujourd’hui des salles accueillant expositions et événements.
Plantées de part et d’autre de la Lys historique, elles racontent le temps où de longs bras de pierre enserraient la ville. Jusqu’au jour où, au XIXe siècle, la muraille d’enceinte a été rasée pour ouvrir la cité et lui permettre de s’étendre.
Partant des tours Broel, les rives de la Lys ont été abaissées et superbement aménagées. Cafés et terrasses donnant sur la rivière y prennent aujourd’hui leurs aises, offrant aux visiteurs un moment de pause et de contemplation.
Les tours Broel en pratique
G. Gezellestraat, 8500 Courtrai.
7. Le nouveau musée Abby de Courtrai
Il vous reste un moment ? Mettez le cap sur le nouveau musée Abby, ouvert depuis mars 2025. Vous aimez l’art contemporain, alors lancez-vous dans la visite du lieu, qui marie grandes signatures (Rinus van de Velde, Wim Delvoye…) et artistes moins connus.
Mais, si l’art contemporain n’est pas votre tasse de thé… allez-y quand même ! Pour le site lui-même, de l’ancienne abbaye cistercienne de Groeninghe magnifiquement restaurée. Ou pour son café rouge, véritable œuvre d’art à sa manière, et sa jolie terrasse donnant sur un jardin.
Le musée Abby en pratique
Begijnhofpark (parc du Béguinage), 8500 Courtrai.
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10 h à 18 h et jusqu’à 22 h pour le Café et le Living.
Entrée 12 €, réduit 8 €, 6 € jusqu’à 26 ans et gratuit – 12 ans.
abbykortrijk.be/fr
8. Le quartier commerçant piéton et ses chouettes boutiques
Korte Steenstraat a été la toute première artère commerçante piétonne en Belgique ! On était alors en 1962. Depuis, d’autres rues ont suivi, formant aujourd’hui un chouette quartier commerçant piéton, entre Lange Steenstraat, Steenpoort, Sionstraat, Wijngaardstraat et d’autres…
Jolies boutiques, commerces sympas et concept stores dans l’air du temps y ont fleuri, à côté du centre commercial K in Kortrijk de 34 000 m2 !
Demandez la carte !
Pour découvrir les meilleurs magasins durables et les marques éco-responsables de Courtrai, passez à l’office de tourisme et demandez la carte Cosh ! Elle comporte un QR Code qui vous permettra d’accéder à une liste, en français, des « shopping tips » durables, comme on dit ici.
Rendez-vous aussi sur www.cosh.eco
Sinon, une autre carte (notamment en Français) propose une balade de 8 kilomètres sur le thème « Courtrai, ville créative ». Elle comprend des lieux à découvrir, des restos, des bars, des temples de la déco intérieure mais aussi d’autres commerces à ne pas manquer. Elle est disponible à l’office de tourisme.
Où manger à Courtrai ?
Plein Twaalf
Si les bonnes tables ne manquent pas à Courtrai, gros coup de cœur pour cette adresse située à une dizaine de minutes à pied du Grote Markt. Plein Twaalf (qui est en fait l’adresse du resto, Plein 12) est un endroit charmant, logé dans l’ancienne maison d’un torréfacteur.
Travaillant en famille, Vincent y propose des plats copieux, gourmands et colorés, à des prix abordables (de 20 à 30 € environ). Comme ces craquants scampis frits, par lesquels je me suis laissé tenter. Avec leur petite sauce maison et leurs pommes de terre bien rôties.
Et côté dessert ? Les pâtisseries maison sont, elles aussi, à la fois délicieuses et à des prix très raisonnables.
Sous de hauts plafonds moulurés, la déco a un petit côté « école à l’ancienne », avec des étagères de livres et des tables en bois. L’ensemble est plein de charme avec, en plus, la possibilité de manger dans le jardin aux beaux jours.
Et si vous souhaitez emporter avec vous quelques produits d’ici, une mini supérette vous tend les bras, juste avant la sortie.
Plein Twaalf en pratique
Plein 12, 8500 Courtrai.
00 32 485 465 938
pleintwaalf.be
Se renseigner ?
Office de tourisme de Courtrai
Begijnhofstraat 2, 8500 Courtrai
www.visitkortrijk.be
Se garer à Courtrai ?
Si vous venez en voiture, je vous conseille de vous garer au parking souterrain Schouwburg. Il est payant, mais la première heure est gratuite.
Il est très bien placé (Schouwburgplein 1), à deux pas du Grote Markt.
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4 Commentaire(s)
Quelle belle publicite pour notre ville
Et le resto.
Merci
J’ai beaucoup aimé mon déjeuner à Plein Twaalf et je reviendrai !
Top votre reportage de ma ville que j’aime beaucoup ! Plein 12 ! Super bon !
Merci beaucoup ! J’y reviendrai