Cité des Électriciens : une nuit et quelques heures pour sentir battre son cœur…

Bien sûr, j’aurais pu découvrir la Cité des Électriciens au moment de son inauguration. Mais j’ai préféré mettre le cap sur Bruay-la-Buissière un peu plus tard, histoire de la découvrir à mon rythme, loin de la foule des grands jours. Tranquillement et en mode immersion totale, en passant une nuit sur place, dans l’un des nouveaux hébergements. Vingt-quatre heures pour tout visiter mais surtout pour sentir battre le cœur de cette ancienne cité minière, où chaque brique est chargée d’histoire…

Alors oui, j’ai tout vu, tout visité et tout goûté. J’ai appris des dates, j’ai lu des chiffres, j’ai écouté des témoignages et j’ai beaucoup discuté avec les sympathiques salariés. Mais la vraie leçon du jour, c’est dans la solitude de mon carin chambre, au crépuscule, qu’elle s’est imposée à moi…

Je suis (sans doute) comme vous. Jamais trop contente de payer des impôts… sauf quand l’argent public permet de réaliser de belles choses. Des projets intelligents et pleins de sens, comme cette Cité des Électriciens, rénovée par la Communauté d’agglomération de Béthune-Bruay Artois Lys Romane et ses partenaires. 

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Je n’ai pas trop l’habitude de tresser des lauriers aux institutionnels qui, après tout, ne font que dépenser nos sous. Mais, une fois n’est pas coutume, je dis bravo. Et même bravissimo !

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Quelle histoire !

Car il fallait avoir une certaine imagination pour envisager un avenir à la plus ancienne cité minière du Nord encore debout. Construite entre 1856 et 1861 par la Compagnie des mines de Bruay, elle était inscrite aux Monuments historiques depuis 2009. Avant de devenir l’un des cinq Grands Sites miniers du Nord/Pas-de-Calais, lors de l’inscription du Bassin minier au Patrimoine mondial de l’Unesco, en 2012. 

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Longtemps laissée à l’abandon (on se souvient de l’horrible scène dans Bienvenue chez les Ch’tis…), voici notre Cité des Électriciens devenue à la fois équipement culturel et touristique. La bonne idée étant d’avoir aussi réinstallé dix logements sociaux sur place. Ce qui apporte un peu de vie, notamment dans les jardins partagés…

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Des gîtes aux prénoms d’habitants

Parmi les différents équipements, ce sont les gîtes urbains que j’étais le plus curieuse de découvrir. Parce que j’aime la déco. Mais aussi parce que j’avais eu l’occasion d’interviewer Christine Cordelette, cofondatrice de l’agence piKs design, chargée de les aménager. 

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Gros coup de cœur pour ces hébergements, dont l’originalité est de porter, chacun, le prénom d’un ancien habitant. Habitants qu’on retrouvera d’ailleurs dans une vidéo de témoignages au barreau 2. On a ainsi l’impression de venir en visite chez Roland, Hélène, Liliane ou Jean Baptiste et d’entrer dans une maison accueillante.

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L’esprit des lieux et la typologie des maisons ont été respectés. De minuscules salons ont par exemple été aménagés dans les anciens carins, accolés à certaines maisons. 

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J’ai apprécié le soin tout particulier apporté au choix des papiers peints. C’est vrai que le papier peint était super important dans les mines, où personnaliser son intérieur relevait un peu du défi. Je me souviens d’ailleurs que ma grand-mère aimait à retapisser son salon, grand chambardement qui annonçait les fêtes de Pâques…

Ici, les papiers peints reprennent des motifs déjà vus dans des maisons du Nord, à différentes époques…  

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Vous avez dit rétro design ?

Avec des clins d’œil aux années 60, 70 mais aussi aux années 2000, avec ces papiers aux motifs pointillistes, nacrés et en surbrillance.

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Simples et humbles, ces anciennes maisons ouvrières sont également joyeuses grâce à des couleurs très vives. Rouge, jaune, vert, bleu ou violet, la teinte prédominante de chaque gîte est donnée par les faïences et la peinture, les autres éléments ayant été choisis en harmonie.

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Contemporains mais pas trop épurés non plus, les gîtes urbains de la Cité des Électriciens ont été habillés de matières nobles. Le mobilier d’esprit scandinave est en bois massif, avec des coussins, du velours et divers détails qui donnent un côté cosy.

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Quant au côté rétro, il faut (notamment) le chercher du côté des tables en formica, qui trônent dans toutes les cuisines. Du formica mais revisité par Les Gambettes, une jeune marque d’édition française. C’est frais, c’est gai et ce n’est quand même pas l’ancienne table de cuisine de mes parents…

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Carin rime avec malin

Perso, j’ai dormi  « Chez Roger », dans le carin chambre, une maisonnette abritant une chambre toute mimi et une salle de bain toute jaune. À ce sujet, petit détail d’importance : pensez à apporter votre savon ou votre gel douche, non prévus dans les gîtes.

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Les carins sont de petites annexes, dans lesquelles se trouvaient latrines, clapier, poulailler, buanderie ou abri de jardin. À la Cité des Électriciens, ils n’ont été construits qu’à partir de 1905. Ils remplaçaient alors les minuscules baraques de fortune édifiées par les mineurs eux-mêmes. 

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Aujourd’hui, on trouve un carin gourmand (je vous en reparlerai…), un carin des artistes, un carin douillet et même un carin ferme, abritant poules et lapins. Mais le top, en tout cas pour moi, c’est le carin sauna…  avec sa douche et ses fauteuils de repos.

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C’est quoi, ce monolithe rouge ?

Évidemment, tous les visiteurs de la Cité des Électriciens ne logeront pas sur place et la plupart se contenteront de découvrir le centre d’interprétation.

La visite commence dans le barreau 1, un monolithe tout rouge, intégralement recouvert de tuiles vernissées, y compris sur le toit.

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Dans ce bâtiment contemporain, le but est de montrer comment l’exploitation minière (et l’urbanisme qui va avec) a transformé le paysage. Pas de grand blabla mais un ensemble de dispositifs, souvent interactifs et accessibles aux enfants. Des maquettes, des jeux, des vidéos, des fresques… Pour apprendre en s’amusant.

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Pour les visiteurs qui ne connaissent pas la région, c’est en quelque sorte une manière de se balader virtuellement dans tout le bassin minier. Et de découvrir des éléments invisibles sur place, comme les chevalements ou les terrils et leur biodiversité.

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On y fait également connaissance avec les différents types de cités, corons, cités pavillonnaires ou cités jardins. Non, toutes les cités ne ressemblent pas à celle des Électriciens…

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Ce que j’ai préféré dans ce barreau 1 ? Les témoignages d’habitants sur leur jardin, à écouter dans des sortes de « cornes ». Et la seule chose que j’ai regrettée ? La chaleur excessive en ce jour de juillet, pourtant pas caniculaire. Quelque chose comme 28° à l’intérieur du barreau. Difficile à comprendre pour un bâtiment flambant neuf, qui devait pourtant être énergétiquement performant…

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Dans le barreau 2, la vie comme elle allait…

Changement de sujet et d’ambiance dans l’ancien barreau 2 réhabilité, qui veut évoquer la « vie en cité minière ». Je dois avouer que j’ai été particulièrement sensible à ce parcours, qui m’a replongée direct dans mon histoire familiale. Ah, ces photos anciennes, comme elles auraient pu être les nôtres !

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Ah, ce mur, couvert de couches successives de papier peint, comme il aurait pu être celui du salon de ma grand-mère, à Calonne-Liévin. 

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Tout me parle de ma famille paternelle, jusqu’au feuilleton (mais alors quelle saga !) de la rénovation des cités minières. Avec la très attendue construction des salles de bain.

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Ici, comme au barreau 1 d’ailleurs, on n’est pas dans un musée comme les autres. Il est permis et même conseillé de toucher céramiques, briques, tomettes ou sonnettes de la « matériauthèque ». 

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Mais l’expo ne s’arrête pas à la vie en cité minière. Elle consacre également une salle à la reconversion du bassin minier et à la nouvelle vocation des fosses, terrils ou cavaliers. Rien n’est figé, tout se transforme…

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Ce que j’ai préféré ici ? Une fois encore, les témoignages vidéo des anciens habitants de la Cité des Électriciens, Roger, Roland, Liliane et les autres… De passionnantes tranches de vie sur l’arrivée de l’eau courante, la toilette au bassin ou les achats à crédit. Toutes ces petites choses qui font la vie ! D’autres témoignages sont à écouter dans la dernière salle. Et je peux vous dire qu’il est possible d’y passer sa journée ou presque…

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Dans la maison de l’ingénieur

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Et ce n’est pas fini puisqu’il y a également une expo temporaire dans la maison de l’ingénieur, à deux pas de la Cité. C’est l’exposition du photographe Thierry Girard, très justement intitulée « Le Monde d’après ».

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Elle met en scène une série de clichés en noir et blanc, réalisés à la fin des années 70 et au début des années 80, au moment de la fin de l’exploitation minière.

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secteur synonyme

Ces photos sont complétées par d’autres, en couleur, réalisées entre 2010 et aujourd’hui. Une confrontation qui montre l’évolution de la technique de Thierry Girard. Mais qui met surtout en lumière la transformation du bassin minier.

Merci, tout simplement…

Alors oui, j’ai tout vu, tout visité et tout goûté. J’ai appris des dates, j’ai lu des chiffres, j’ai écouté des témoignages et j’ai beaucoup discuté avec les sympathiques salariés. Mais la vraie leçon du jour, c’est dans la solitude de mon carin chambre, au crépuscule, qu’elle s’est imposée à moi. 

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J’ai repensé au confort des nouveaux gîtes de la Cité des Électriciens. Puis j’ai pensé à mon grand-père, Jan Tomczak, qui a fait partie de ces Polonais venus travailler dans les mines. Une autre ville, une autre fosse mais la même vie, terriblement rude et sans confort. Pas même une douche chaude après le dur labeur. Juste un poêle qui ronronne dans la cuisine.

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Oui, c’était un autre siècle. Le monde d’avant, comme dirait Thierry Girard.  Mais quand même, rénover cette Cité, quelle jolie manière de rendre hommage à tous ces travailleurs du fond ! Ces Polonais, ces Italiens, ces Belges, ces Allemands, ces Russes, ces Marocains… presque trente nationalités qui ont cohabité ici. Juste pour cela, à ceux et celles qui se sont battus pour sauver la Cité des Électriciens et conserver toutes ces briques chargées d’histoire, je dis merci. 

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 La Cité des Électriciens en pratique

Centre d’interprétation 

Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11 h à 18 h.

Entrée (avec l’exposition temporaire) 6 € et 4 € tarif réduit

Expo temporaire dans la maison d’ingénieur

Ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 14 h à 18 h. Compris dans l’entrée au centre d’interprétation

La visite guidée du dimanche

« Cité, petites et grandes histoires », tous les dimanches, à 15 h. Durée 1 h 30. Tarif 5 € et 3 € réduit, gratuit – 6 ans

La visite théâtralisée du premier dimanche du mois

 « Les murs ont des oreilles » par la compagnie Harmonika Zug, le premier dimanche du mois, à 15 h. Durée 1 h 30. 6 € et 4 € tarif réduit

Les visites guidées du mercredi

« Du grand paysage aux jardins », le premier mercredi du mois, à 14 h 30. Durée 1 h 30

« Vivre en cité minière », le deuxième mercredi du mois, à 14 h 30. Durée 1 h 30

« De villes en villes », le troisième mercredi du mois, à 14 h 30. Durée 1 h 30

« Des pyramides aux terrils », le quatrième mercredi du mois, à 14 h 30. Durée 1 h 30

Tarif : 8 €, 5 € réduit, gratuit – 6 ans

Visites ateliers

Elles s’adressent aux enfants (dès 6 ans) et aux jeunes adultes et mêlent découverte dans le centre d’interprétation et pratique dans les salles d’atelier ou en extérieur.

Chaque mercredi, à 14 h 30, pendant 1 h 30, autour d’un thème différent.

6 €, sur réservation

Bruay-Labuissiere-Cite-des-Electriciens-petit-dejeunerTarifs des gîtes 

Pour 2 personnes, de 68 à 80 € la nuit et de 285 à 335 € la semaine, selon la saison, sans le petit déjeuner

Pour 4 personnes, de 125 à 150 € la nuit et de 380 à 440 € la semaine

Pour 5 personnes, de 150 à 175 € la nuit et de 440 à 520 € la semaine

Pour 8 personnes, de 215 à 250 € la nuit et de 645 à 760 € la semaine

Tarif de la chambre pour deux

De 34 à 40 € la nuit et de 190 à 220 € la semaine, sans le petit déjeuner.

Petit déjeuner buffet, sur réservation, 8 € adultes et 5 € enfants – 12 ans.

Une heure de sauna compris dans le prix des gîtes

Contact 03 21 01 94 20

citedeselectriciens.fr

J’ai été invitée par la Cité des Électriciens et l’office de tourisme Béthune-Bruay, merci à eux !

Découvrez aussi Ma maison au Nord, je vous raconte tout…

 

6 Commentaire(s)

  1. Deplancke Francis Répondre

    Super reportage, bravo, et très intéressant. Voici un lieu de « mémoire vive » sur tout un passé qui a façonné ce que les nordistes sont aujourd’hui. Mention spéciale pour les photos.

    • Annetomczak07 Répondre

      Merci Francis ! Ravie de vous avoir retrouvé parmi mes fidèles…

  2. Un grand merci Anne, de nous prendre par la main, et nous emmener découvrir des lieux uniques, originaux, et charmants…
    Des découvertes sont toujours aussi bien photographiées et émaillées d’un commentaire très agréable à lire!
    Tu es une semeuse de belles idées, à nous d’aller les vivre!
    Amitiés,
    BRUNO

    • Annetomczak07 Répondre

      Semeuse de belles idées, voilà qui me plaît beaucoup ! Merci Bruno

  3. Étant « du coin », c’est tout naturellement que nous nous sommes tournés vers ce lieu pour passer nos deux premières nuits en tant que mari et femme. Nous avons prit le plus grand afin que je puisse y faire ma préparation. J’ai hâte d’être le 8 août prochain et de vibrer avec ce lieu.
    Merci pour ce reportage que j’ai partagé. J’espère que du monde prendra la peine de s’y arrêter ou d’y venir aux journées du patrimoine.

    • Annetomczak07 Répondre

      Merci Camille pour ce joli témoignage. Je vous souhaite d’être heureux ensemble à la Cité des électriciens… et après aussi !

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