La deuxième (et dernière) étape mon voyage en Ukraine m’a amenée à Kiev, capitale aussi complexe que passionnante. Dans cette ville de près de quatre millions d’âmes, posée sur les bords du Dniepr, on passe sans cesse d’un monde à l’autre. La richesse des églises orthodoxes, les saints momifiés, la Révolution orange, les souvenirs de l’époque soviétique, l’Euromaïdan et le XXIe siècle qui s’ouvre, innovant, trépidant, débordant d’envies… À trois heures d’avion de Paris, Kiev mérite qu’on y passe un long week-end, voire plus si affinités…
Si l’Ukraine est le pays le plus pauvre d’Europe, le niveau de vie est plus élevé à Kiev qu’ailleurs. La capitale tente de vivre le plus possible à la mode occidentale et restos, bars et lieux branchés fleurissent et accueillent une jeunesse avide de plaisirs.
Comme l’autre jour, quand je vous ai parlé d’Odessa, je voudrais répondre à une question que beaucoup de voyageurs se posent. Peut-on aller aujourd’hui en Ukraine ? Je veux dire est-ce raisonnable, sachant que la diplomatie française déconseille formellement de se rendre dans certaines régions ?
La réponse est oui, on peut aller sans problème en Ukraine. À condition d’éviter impérativement la Crimée et le Donbass, à savoir les régions administratives du Donetsk et de Louhansk. Là-bas, dans l’est du pays, le conflit armé continue, opposant l’armée ukrainienne et les séparatistes russophones qui occupent en partie ces territoires.
En revanche, aucun problème à Kiev, comme vous le constaterez très vite par vous-mêmes… Aucun souci donc pour visiter cette capitale. Mais pourquoi choisir d’y aller ?
1. Parce que c’est facile, sans obligation de visa
Qu’on se le dise, il ne faut pas de visa pour l’Ukraine. Contrairement à la Russie. Alors si vous souhaitez voyager facilement, tout en ayant droit aux bulbes dorés des églises orthodoxes rutilant sous le soleil, optez pour l’Ukraine !
2. Parce que la destination est vraiment peu chère
L’Ukraine, pays le plus pauvre d’Europe, est une destination vraiment bon marché. Quand je dis Europe, je ne veux bien sûr pas dire Union européenne. Car même si elle en rêve secrètement (Galina, notre adorable guide, l’a avoué… même avant le premier verre de vodka), l’Ukraine ne fait pas partie de l’UE.
Tout juste entretient-elle des relations privilégiées avec cette dernière, définies par les accords de Budapest de 1994. Puis renforcées par la signature, en 1998, d’un accord de partenariat et de coopération. Mais l’Union européenne est encore loin, tout comme le niveau de vie atteint par la Pologne ou les Pays Baltes, rentrés eux dans l’Europe.
Du coup, Kiev est une ville peu chère pour nous autres, (riches) Occidentaux. Une fois que vous aurez acheté votre forfait vols et nuits d’hôtel (plus éventuellement transferts et guide), vous vous poserez ces questions primordiales : On mange où ? Combien ça coûte ?
Pour les adresses, lisez un peu plus bas.
Pour les prix, voici quelques exemples.
Ces crêpes à la viande (chez Sho) sont à 140 Hryvnia, soit… 4,34 € au cours du jour.
Ces varenyky, sorte de raviolis fourrés à la viande, ainsi servis sur une planche chez OB, figurent au prix de 69 Hryvnia (soit 2,15 €) au menu.
Quant à cette soupe typique à la betterave et à la viande, également mangée chez OB, elle est affichée à la carte au prix de 49 Hryvnia (soit 1,52 €). Rien de ruineux donc pour nous…
3. Parce que la Laure des catacombes vaut à elle seule une visite
C’est le Lourdes des Orthodoxes, autant dire que le lieu est sacré. Important spirituellement et merveilleux, surtout quand on le découvre sous un grand soleil. Impossible de décrire tout cet ensemble, qui couvre 28 hectares et où 120 frères vivent toujours.
Dans la partie haute, une série d’églises (Saint-Nicolas, église de la Trinité…) contiennent de nombreuses merveilles.
Mais ma préférée (largement) est la sublime église-réfectoire saints Antoine et Théodose, de style néo-byzantin, influencée par l’Art Nouveau.
Bizarrement, sur place, on trouve aussi une série de musées, dont l’étonnant musée de la microminiature. Je n’ai pas d’images à vous montrer car les photos sont interdites. Mais sachez que vous y trouverez des choses aussi incroyables que le plus petit échiquier du monde, posé sur une tête d’épingle (spéciale dédicace pour mon papa). Ou le portrait d’un musicien de balalaïka russe (re-dédicace…) gravé sur un demi-grain de pavot.
Quant à la cathédrale de la Dormition, rutilant de tous ses feux sous le soleil, elle ne manque pas de charme non plus.
Mais le clou de cette « Kyevo Petcherska Lavra » se trouve dans la partie basse du site.
Il s’agit des catacombes abritant 123 moines momifiés, parmi lesquels un grand nombre de saints. Pour comprendre la présence de ces reliques des XIe et XIIe siècles, il faut savoir que le monastère a été fondé en 1051 par saint Antoine, un moine grec. Avec son disciple Théodose, ils ont creusé des grottes, où ils ont vécu en ermites, avec d’autres moines, pour fuir le monde. Après leur mort, les corps sont restés là, conservés naturellement grâce à la fraîcheur et à l’absence d’humidité.
Avec mes compagnons de voyage, nous sommes descendus dans ces catacombes, où il est bien sûr interdit de faire des photos. Foulard sur la tête pour les filles, bougie à la main pour tous, nous avons avancé un petit moment dans une longue file de pélerins. Si vous êtes claustrophobes, évitez car on se sent vite pris au piège, surtout s’il y a du monde !
Si vous résistez à l’épreuve, vous verrez de nombreux moines et saints, momifiés et entièrement vêtus, dont vous devinerez, ça et là, un doigt ou un orteil. Rien d’effrayant, si ce n’est ces étroits tunnels sous terre, et au final une expérience spirituelle marquante.
4. Parce que Kiev regorge de richesses
Impossible de toutes les énumérer, d’autant que mon article promet déjà d’être beaucoup trop long. Je vous mets juste quelques photos de sites à visiter, en fonction du temps que vous passerez sur place… Le monument aux fondateurs de la ville, le monastère Saint-Michel, la statue de la Mère-Patrie (102 mètres de haut !) avec un musée dans son pied, le parc du musée de la Seconde Guerre mondiale avec ses sculptures terriblement staliniennes, ses marchés, et la rue Saint-André, petit Montmartre local et paradis des dénicheurs de souvenirs… Chacun choisira selon son humeur et ses centres d’intérêt…
5. Parce que Kiev garde un petit côté « dans son jus » de l’époque soviétique
L’Ukraine a beau revendiquer haut et fort son indépendance (et on la comprend !) et se battre militairement contre l’ex-grand frère dans le Donbass, Kiev a toujours, par certains aspects, un petit côté ex-URSS. Ne lui en déplaise… J’ai pensé cela, un soir, en voyant les anciens wagons du tram (mais je crois qu’il y en a de plus récents aussi….).
J’ai pensé cela en m’enfonçant dans le métro, hyper profond, qui m’a fait songer à celui de Moscou. Comme dans la capitale russe, une dame est assise dans une cage vitrée, tout en-bas, pour surveiller la très longue descente…
J’ai encore pensé cela en visitant l’hôtel Ukraine, un mastodonte des années 50, dans un style très soviétique, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Aujourd’hui encore, les Parlementaires ukrainiens qui n’ont pas d’appartement à Kiev sont logés ici. Dans des conditions plutôt spartiates, je trouve…
6. Parce que Kiev est un grand livre d’histoire contemporaine
Je ne sais pas si vous vous souvenez mais la Révolution orange, vaste mouvement populaire, qui a permis à l’opposition ukrainienne de prendre le pouvoir, en 2004, restera l’un des événements du début de ce XXIe siècle.
Une dizaine d’années plus tard, de novembre 2013 à février 2014, c’était le mouvement Euromaïdan, qui a mené à la destitution du président Ianoukovitch. Celui-là même qui avait refusé de signer un accord d’association avec l’UE.
L’un comme l’autre ont donné lieu à des rassemblements massifs sur le maïdan Nezalejnosti ou place de l’Indépendance.
Du coup, cette place, cœur battant de la ville, est aussi devenue un lieu de souvenir. On y trouve aujourd’hui une série de panneaux commémorant ces événements, qui ont fait de nombreux morts. Comme un musée à ciel ouvert consacré à l’histoire contemporaine de l’Ukraine… Un musée pour se souvenir des luttes passées, de la force du collectif et de l’esprit de fraternisation qui a soufflé sur les lieux. Galina en avait encore la voix qui tremblait, des années après…


7. Parce que Kiev comporte de super lieux où manger et sortir
Si l’Ukraine est le pays le plus pauvre d’Europe, le niveau de vie est plus élevé à Kiev qu’ailleurs dans le pays. La capitale tente de vivre le plus possible à la mode occidentale et restos, bars et lieux branchés fleurissent et accueillent une jeunesse avide de plaisirs.
L’endroit le plus fou qu’il nous a été donné de voir pendant le séjour est OB, un resto situé sous la place de l’Indépendance.
En fait son nom, OB comme Obarykada, signifie la Dernière Barricade. En effet, celle-ci se trouve juste au-dessus du resto et on la voit à travers un plafond de verre. Le lieu est d’ailleurs un vrai petit musée, divers souvenirs décorant les murs.
OB se la joue d’ailleurs amis/ennemis de l’opposition puisqu’il faut un mot de passe pour accéder au restaurant ! En anglais, c’est « Fight and you will win », très raccord avec le lieu. Mais ne me demandez pas comment on dit en Ukrainien…
Sinon, j’ai beaucoup aimé aussi Sho, un resto ukrainien mais à la sauce contemporaine. L’endroit est vraiment très beau.
C’est drôle parce qu’on sent un côté rural ou plutôt « roots » et en même temps le style est complètement revisité et tout à fait dans l’air du temps. J’ai adoré le lieu et aussi le menu 100% ukrainien qu’on a dégusté.
Kiev en pratique
Amslav
J’ai été invitée par Amslav, spécialiste des voyages en Russie et en Europe de l’Est, depuis 15 ans.
Ce tour opérateur est spécialisé dans le voyage à la carte.
À Kiev, il propose un forfait trois jours/deux nuits, comprenant le vol A/R Paris/Kiev et les deux nuits en chambre double avec petit déjeuner.
Dès 470 € en hôtel 3* et 690 € à l’hôtel 5* Fairmont Grand Hôtel Kyiv (photo ci-dessous).
Pour compléter ce forfait, possibilité de réserver un transfert aéroport/hôtel pour deux (31 €) ainsi qu’un guide francophone privé (83 € pour quatre heures).
Plus d’info sur amslav.com
Tél. 01 44 88 20 40.
Où manger ?
- OB, Maidan Nezalezhnosti.
www.obarykada.com - SHO, Mechnikova St. 18, Kiev
Quelle heure est-il en Ukraine ?
Une heure de plus qu’en France.
Y aller avec UIA
La compagnie aérienne UIA Ukraine International propose deux vols directs par jour vers Kiev, au départ de Roissy-Charles-de-Gaulle.
flyuia.com
7 Commentaire(s)
Cela vaut le détour d’aller séjourner à Kiev, n’est-ce pas ? Et le pays en lui-même demande à être exploré.
De notre côté, nous avons pu voir le pays de l’intérieur à la campagne et là ! Changement de décors mais que les gens sont adorables et un accueil….riche en émotion également
Bon d’accord, pour le côté vodka, là il faut s’accrocher aux branches.
Merci de ce commentaire; Grégoire. Oui, je me doute que l’accueil est très chaleureux à la campagne. Kiev est une ville magnifique mais cela reste une capitale, un peu impersonnelle donc…
J’aimerais vraiment étudié en Ukraine
Je suis allée à Kiev en 1970.je n’ai plus beaucoup de souvenirs sauf un film super 8.Nous àvions un bon guide.
Eh bien, cela ne date pas d’hier ! Carrément un autre monde…
Pardon, en relisant votre reportage, je constate que vous l’aviez bien daté – de 2018 ! Cela fait donc quatre ans. Quatre ans d’écart ! Que peut-on penser aujourd’hui de vos souvenirs de ce moment ?
Bien amicalement à vous. FdO.
Que peut-on en penser ? Que l’horreur s’est abattue sur cette magnifique et attachante capitale, qui saura à tous les coups renaître un jour… Je fais confiance aux Ukrainiens pour cela…