Des raisons de passer un week-end (ou plus) à Anvers, il y en a presqu’autant que de pierres précieuses dans les vitrines des diamantaires. Parmi elles, les merveilleux musées anversois, qui valent à eux seuls le voyage. Le Musée royal des Beaux-Arts et le MoMu ont rouvert leurs portes l’automne dernier. Le Red Star Line Museum fête ses dix ans en 2023. Le Plantin-Moretus est un vrai petit joyau. Alors, même si la Maison Rubens est fermée pour travaux, les autres musées anversois vous tendent les bras…
Voici un musée anversois nommé désir ! Rouvert en septembre 2022, il était fermé pour travaux depuis… 11 ans ! Derrière la belle façade du Musée royal des Beaux-Arts, KMSKA en flamand, une balade artistique à travers les siècles, des Primitifs flamands aux maîtres modernes…
1. Le Red Star Line museum, mon musée anversois préféré
C’est mon musée anversois préféré et pas depuis hier, puisque j’avais eu l’occasion d’assister à son ouverture en 2013 ! Je me souviens encore de cette Américaine en baskets roses, plus de 90 ans au compteur, qui était venue témoigner de son voyage entre Anvers et les États-Unis, avec la compagnie maritime Red Star Line. C’était dans les années 20, la dame avait alors 5 ans et elle quittait définitivement la vieille Europe avec ses parents…
Installé dans ses entrepôts historiques au bord de l’Escaut, le Red Star Line Museum évoque l’histoire de la puissante compagnie maritime. Mais il raconte surtout le parcours des millions d’hommes, de femmes et d’enfants, qui ont emprunté l’un de ses navires pour émigrer aux États-Unis et fuir la misère ou la persécution.
Et cette histoire d’émigration, ça me parle drôlement car c’est un peu la mienne. Pas celle que j’ai vécue personnellement mais celle de mes grands-parents et arrière grands-parents paternels, venus s’installer en France dans les années 20. Oui, bien sûr, ils ne sont pas venus en bateau de Pologne. Mais ils ont dû prendre un train, comme tous ces émigrés venus d’Europe centrale ou d’Allemagne, arrivés à la gare d’Anvers… avant d’en repartir par la mer.
Alors oui, même si je n’ai pas été déracinée moi-même, je ressens profondément les émotions de ceux et celles qui ont tout laissé derrière eux pour prendre le difficile chemin de l’exode, en quête d’une vie meilleure…
Un passager nommé Albert Einstein
Une traversée rapide et sûre, voilà la promesse de la Red Star Line, qui vendait des billets à prix abordables, à grands coups d’affiches multicolores et autres publicités.
Il n’en fallait pas plus pour convaincre de nombreux Européens vivant dans la misère, d’autant que, de l’autre côté de l’Atlantique, États-Unis et Canada sont en plein essor.
D’autres voyageurs fuient la persécution, notamment nazie, comme Albert Einstein, qui a voyagé à deux reprises sur les navires de la compagnie.
En 1930, puis en 1933, il traverse l’Atlantique à bord du Westernland puis du Belgenland, le navire amiral de la Red Star Line. C’est de ce bateau, en mars 1933, qu’il enverra sa lettre de démission à l’Académie des Sciences, dont on trouve un fac simile dans une vitrine du musée, à côté de son journal de bord.
En 1ère classe, la belle vie à bord !
De salle en salle, le musée anversois nous fait vivre les différentes étapes du voyage des émigrants de 3ème classe, qui devront passer une visite médicale et se plier à diverses obligations humiliantes, notamment la (longue) douche et la désinfection de leurs effets personnels. Les autorités américaines craignent plus que tout les maladies, comme le choléra et le typhus. Et seuls les voyageurs n’ayant pas de maladie contagieuse et aptes au travail pourront au final embarquer…
Et ce n’est pas tout, puisqu’à l’arrivée ils devront encore passer plusieurs heures et des contrôles très stricts au bureau d’immigration d’Ellis Island, à New York.
Rien de tout cela pour les passagers de 2ème et 1ère classes… Pour ces derniers, la traversée de l’Atlantique prend des allures de fête, tant le voyage est luxueux… Ils profitent d’un confort maximum à bord et bénéficient de toutes sortes de distractions mais aussi de menus d’exception au restaurant.
Panorama sur l’Escaut
Au fil des salles, photos, documents administratifs, lettres, papiers d’identité, journaux de bord racontent l’exil d’Irène la Belge, de Morris l’Ukrainien, de Sonia l’Allemande et de tant d’autres.
À la fin de la visite, j’ai bien aimé ces portraits d’Américains qui, photo de famille à la main, racontent comment et pourquoi leurs aïeux sont venus s’installer aux États-Unis.
Petit zoom aussi du musée anversois sur quelques migrants des temps modernes. J’ai choisi d’écouter l’histoire de Véronique, 60 ans (tout comme ma sœur), arrivée en 1990 du Congo…
Et avant de quitter ce passionnant musée anversois, prenez l’ascenseur pour monter au sommet de la tour en forme de cheminée de bateau. Un panorama à couper le souffle sur l’Escaut et son port vous y attend.
Red Star Line Museum en pratique
Montevideostraat 3, Anvers.
Tout sur redstarline.be/fr
2. Le MoMu, un musée anversois pour les dingues de mode
Vous aimez la mode ? Vous êtes au bon endroit à Anvers et plus encore au MoMu, son musée de la mode. Situé au sud de la ville, dans ce quartier qui abrite diverses boutiques de créateurs, le MoMu a rouvert ses portes en septembre 2022, agrandi et relooké.
La nouveauté ? À côté des expos temporaires, on trouve désormais une expo permanente sur 400 m2. Objectif ? Donner un aperçu des riches collections du MoMu (38 000 pièces !) et raconter l’histoire de la mode belge par toute une série de vidéos. Tout en faisant la part belle à une mode anversoise multiculturelle, très artisanale, avec une bonne touche de surréalisme…
Depuis les années 80, Anvers joue en effet les premiers rôles sur la scène internationale de la mode, grâce notamment aux Six d’Anvers. Cette célèbre bande de créateurs a inventé un style minimaliste, mélange décoiffant de mode et d’art contemporain…
Les Six d’Anvers sont là
Évidemment, les Six d’Anvers sont présents au fil de la collection permanente, notamment avec les silhouettes d’Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck et Martin Margiela.
On s’arrête aussi devant les créations iconiques d’Ann Salens, qui a inspiré plusieurs générations de créateurs anversois, avec ses modèles en maille et crochet colorés, dont cette robe en soie artificielle crochetée.
Avec une touche de surréalisme 100% belge
À voir aussi ces pièces teintées de surréalisme typiquement belge, face auxquelles il ne faut pas se fier aux apparences ! Recherchant originalité et humour, certains créent des imprimés photographiques en trompe-l’œil, qui produisent d’amusantes illusions d’optique. Comme ce maillot de Walter Van Beirendonck d’homme… poilu !
À voir enfin, le travail des élèves de l’Académie de la Mode d’Anvers, célèbre école logée dans les locaux du MoMu. Deux d’entre eux, élèves de première année, ont imaginé ces jupes, faisant déjà preuve d’un joli savoir-faire.
Le MoMu en pratique
Nationalestraat 28, Anvers.
www.momu.be
Du 23 avril au 13 août 2023, expo temporaire « Man Ray et la mode ».
3. Le musée Plantin-Moretus et sa gueule d’atmosphère…
J’aime les belles maisons Renaissance typiquement anversoises. Les intérieurs cossus, avec parquets, tapisseries et murs couverts de cuir. J’aime aussi les bibliothèques imposantes, les livres reliés et les atlas qui font voyager… Je ne pouvais donc qu’aimer le musée Plantin-Moretus, installé dans une superbe demeure patricienne et classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
C’est là que Christophe Plantin, un Français originaire de Tours, installe son atelier d’imprimeur, vers 1550, en plein âge d’or anversois. À cette époque-là, Anvers est une place internationale du livre, avec 140 imprimeurs, éditeurs et marchands de livres.
Neuf générations d’imprimeurs
Imprimeur donc, mais aussi relieur, humaniste et véritable chef d’entreprise sachant habilement manœuvrer entre conflits politiques et religieux, Plantin développe considérablement son affaire. Grâce à ses œuvres imprimées de grande qualité et aussi grâce à une bible en cinq langues, à savoir latin, grec, hébreu, araméen et syriaque.
Il publie des livres scientifiques, des dictionnaires, des calendriers, des ouvrages médicaux, des atlas maritimes, des cartes, des manuels linguistiques, des récits de voyage et des almanachs (qui, dit-on, finiront comme papier toilette !)…
Il ouvre des filiales à Leyde, Paris et Francfort. Il travaille pour le roi d’Espagne Philippe II. Il devient imprimeur officiel des États-Généraux des Pays-Bas et de la ville d’Anvers. Bref, tout lui réussit quand il passe le flambeau à son gendre Moretus… avant huit autres générations d’imprimeurs.
Plus vieilles presses du monde
Au musée Plantin-Moretus, on se balade entre salons, cabinets, bibliothèques et jolie cour.
On s’arrête devant des presses parmi les plus anciennes du monde.
Ou devant ces vidéos, qui sont la petite touche « fun » dans une maison très belle mais austère.
Et on admire une riche collection d’ouvrages, parmi lesquels ces magnifiques atlas, qui mettent le monde sur papier.
Le musée Plantin-Moretus en pratique
Vrijdagmarkt 22
www.museumplantinmoretus.be
4. Le MAS et ses univers superposés
Je ne connais pas de musée anversois plus singulier que le Museum aan de Strom, plus connu sous le petit nom de MAS. Installé dans le quartier le plus tendance de la ville, celui d’Het Eilandje (L’Îlot), il a une forme plutôt bizarre. Une sorte de superposition d’énormes coffres en porte-à-faux, censés ressembler à des conteneurs.
Côté collections, le MAS raconte l’histoire de la cité, du Moyen Âge à nos jours, du port et de l’Escaut, en regroupant des collections autrefois disséminées dans plusieurs musées.
À chaque étage, un thème différent et, entre deux, un escalator et des couloirs aux vitres déformantes, qui m’ont fait penser à des vagues. La bonne idée du bureau d’architecture néerlandais, qui a conçu ce musée anversois ? À chaque niveau, la baie vitrée s’ouvre sur un point cardinal différent…
Même si je suis venue deux fois au MAS lors de mon dernier séjour à Anvers, je n’ai pas eu le temps de tout voir, tant les collections sont riches.
Une vue vraiment waouh !
Sachant que vous n’aurez (sans doute) pas le temps de tout voir, vous non plus, je vous conseille de commencer en montant au… 10ème étage. Ainsi, vous profiterez de l’immense terrasse qui surplombe la cité et le port et de l’exceptionnel panorama qui s’offre à vous. Un vrai effet waouh !
En descendant, vous vous arrêterez, ou pas, au 8ème étage, qui présente la collection P.& D. Janssen-Arts, une collection d’art renommée de l’Amérique précolombienne. Elle raconte le lien entre l’Homme et l’univers des dieux, des ancêtres et des esprits. Rien à voir avec la ville d’Anvers, comme une exception à la règle énoncée plus haut. 
Y a-t-il quelqu’un à la maison ?
Au 7ème étage, j’ai adoré la collection intitulée « Y a-t-il quelqu’un à la maison ? ». Qu’est-ce que le foyer ? Quatre murs et un toit ? Un lieu ? Un sentiment ? Un espace de liberté ? Des habitudes ? Où commence ce chez-soi ? Dans sa rue ? Dans son quartier ? Y sommes-nous toujours à notre place ?
Toutes ces questions sont abordées de manière originale, souvent à hauteur d’enfant, et j’aurais pu y passer des heures…
Au 6ème étage, les superbes collections de l’expo « Fret », qui propose un voyage à travers la riche histoire de la navigation et du commerce mondial à Anvers. Des instruments marins, des maquettes de navires, des grues… 
Visite dans l’envers (Anvers ?) du décor
Si j’ai zappé le 5ème étage et ses collections sur « Les villes et l’alimentation », j’ai en revanche parcouru (au pas de course !) le 4ème. Un étage joyeux et coloré, dévolu à la fête dans diverses traditions et à diverses époque, le tout en musique…
Après le 3ème et son expo temporaire (pas vue non plus), petite visite dans l’envers (Anvers ?) du décor. Dans ce dépôt accessible à tous les visiteurs, le musée anversois stocke 180 000 pièces, dans une sorte de grand fourre-tout amusant et hétéroclite.
Le Museum aan de Strom ou MAS en pratique
Hanzestedenplaats 1, Anvers.
5. Le Musée royal des Beaux-Arts, la belle balade artistique
Voici un musée anversois nommé désir ! Rouvert en septembre 2022, il était fermé pour travaux depuis… 11 ans !
Derrière la belle façade du Musée royal des Beaux-Arts, appelé KMSKA en flamand, une balade artistique à travers les siècles, des Primitifs flamands aux maîtres modernes. Avec une volonté affichée de rendre l’art accessible au plus grand nombre…
Chacun y piochera donc ce qui l’intéresse dans les deux parties du musée. La partie historique consacrée aux maîtres anciens, jusqu’en 1880. Et la partie contemporaine, dévolue à l’Art moderne, à partir de 1880.
À noter que c’est un accrochage thématique qui a été choisi, avec des salles sur les thèmes de la religion, des héros, des portraits, des paysages….
Rubens en majesté
Présentation thématique et très aérée, grâce à la création de nouveaux espaces, puisque 640 œuvres seulement sont exposées dans l’ensemble de ce musée anversois.
On découvrira toute une série de chefs-d’œuvre, à commencer par la célèbre Vierge à l’Enfant entourée d’anges de Jean Fouquet (vers 1450), dont le musée anversois a fait sa figure de proue.
Également dans la partie historique, de nombreux Rubens à admirer, ainsi que des œuvres de Brueghel I, Memling…
Première collection Ensor au monde !
Côté maîtres modernes, les Belges se pressent au portillon… Rik Wouters, Constant Permeke, René Magritte et surtout James Ensor.
Le Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers possède en effet la plus grande collection Ensor au monde, ici en majesté sur des murs tout blancs.
Marines, paysages ostendais, intérieurs bourgeois et masques grimaçants, on retrouve tous les thèmes de prédilection de l’artiste flamand.
Le Musée royal des Beaux-Arts en pratique
Leopold de Waelplaats 1, Anvers
https://kmska.be/fr
En marge des musées anversois
Pour se renseigner
Pour visiter beaucoup et payer moins
https://visit.antwerpen.be/fr/antwerp-city-pass-16-musees-d-anvers
À connaître impérativement, la zone de basses émissions d’Anvers
Pour améliorer la qualité de l’air en ville, tout le centre-ville d’Anvers, ainsi que la rive gauche, ont été classés en zone de basses émissions.
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Attention, des caméras intelligentes relevant les numéros d’immatriculation contrôlent tous les véhicules. Si vous n’êtes pas en règle, vous recevrez une amende de 150 €.
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Eminent, pour bien voyager…
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Pour voyager, il vaut toujours mieux être bien accompagné(e) !
J’ai été invitée par #visitantwerpen, un grand merci à eux !
Découvrez aussi Où manger à Anvers et autres choses utiles ?
2 Commentaire(s)
Une tres bonne idée de visite pour un prochain dimanche pluvieux
Ou pour un beau week-end de printemps !