Inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco, Bruges est une cité pleine de sortilèges, entre canaux, coins pittoresques et vieilles pierres précieuses. Mais c’est aussi la patrie de plusieurs Maîtres flamands, qui ont porté haut l’art pictural, vivant, travaillant et puisant leur inspiration dans la ville. Pour découvrir leurs œuvres et marcher sur leurs pas, Visit Bruges a imaginé une appli proposant des itinéraires de promenade, dont l’un intitulé « Les Maîtres flamands in situ ». Je l’ai testé pour vous…
Ces œuvres exposées au musée Groeninge, ajoutées à celles de l’Hôpital Saint-Jean, forment la deuxième plus grande collection de Memling au monde, juste derrière celle du Metropolitan Museum of Art de New York.
Avant de vous lancer sur les pas des Maîtres flamands, commencez par télécharger (gratuitement) l’appli Visit Bruges. Pour cela, ouvrez ce lien https://www.visitbruges.be/fr/que-faire/visites/visit-bruges-appli-promenades sur votre téléphone portable.
Cliquez sur « Télécharger sur Google Play » ou « Télécharger sur l’Apple Store », selon votre mobile.
Il ne vous restera alors plus qu’à cliquer sur « Installer » ou « obtenir » (tout en haut), selon le cas.
Maintenant que c’est fait, choisissez la promenade des « Maîtres flamands in situ », longue d’environ 5 km.
Des points rouges ou jaunes
qui mènent aux Maîtres flamands
Sous le texte de présentation, une carte affiche 22 points, 6 rouges et 16 jaunes. Il suffit de poser son doigt sur chacun pour avoir de nombreuses explications sur le lieu.
Pour info, les points rouges représentent des lieux pour lesquels les Maîtres flamands ont spécialement créé leurs œuvres. Tandis que les points jaunes permettent de découvrir d’autres endroits. Vous pouvez bien entendu zapper certains points, selon vos envies et/ou le temps dont vous disposez.
Bien sûr, vous êtes géolocalisé sur la carte. Cela vous permet de ne jamais vous perdre mais aussi d’aménager le parcours à votre guise…
Impossible de vous parler de tout ce qu’offre cette balade des Maîtres flamands in situ. J’ai donc simplement choisi d’évoquer 5 points rouges et 3 points jaunes. Et, pour commencer, rendez-vous à l’église Notre-Dame, dans Mariastraat, qui constitue le point de départ du parcours.
Église Notre-Dame (point rouge n°1)
Observez d’abord sa tour, 115 mètres de haut, deuxième plus haut clocher au monde et véritable prouesse à l’époque !
À l’intérieur de l’église Notre-Dame (Onze-Lieve-Vrouwekerk en flamand), deux parties cohabitent. L’une est accessible gratuitement, tandis que l’autre est classée en musée payant.
C’est bien entendu là que se trouvent les plus belles choses à voir. À commencer par l’œuvre la plus admirée de Bruges : la Vierge à l’Enfant de Michel-Ange.
Seule œuvre du sculpteur à avoir quitté l’Italie de son vivant, elle a été réalisée dans un marbre blanc de Carrare.
À l’origine, la statue avait été commandée pour la cathédrale de Sienne par une famille locale. Mais, au moment de payer, celle-ci n’avait plus l’argent nécessaire ! C’est donc à la société de Jan et Alexander Mouscron, des marchands brugeois séjournant régulièrement à Florence, que Michel-Ange a réussi à la vendre. Les Brugeois en ont fait don à l’église Notre-Dame, ce explique qu’une partie de la famille soit inhumée, dans le sol, à proximité de la statue.
Deux Maîtres flamands pour une seule œuvre
À voir également dans cette partie musée, les tombeaux de Charles le Téméraire et sa fille unique Marie de Bourgogne, plus riche héritière d’Europe !
Enfant chérie des Brugeois, elle trouvera la mort à 25 ans, après une chute de cheval, pendant une partie de chasse au faucon. Déjà mère de deux enfants, on dit qu’elle était enceinte au moment de l’accident fatal.
Pleine de grâce avec son beau visage et ses longs doigts fins, Marie avait souhaité que sa dépouille reste à Bruges. Si on regarde à travers le sol vitré sous le mausolée, on peut voir le cercueil contenant sa dépouille.
Côté Maîtres flamands, ne manquez pas le Triptyque de la Passion de Bernard van Orley et Marcus Gheeraerts l’Ancien, chef d’œuvre flamand de 1534, qui donne vie à la Passion du Christ. Le premier artiste étant décédé avant d’avoir terminé cette œuvre, c’est le second qui l’a achevée.
L’église Notre-Dame en pratique
Mariastraat, 8000 Brugge
Ouvert en semaine de 9 h 30 à 17 h et le dimanche de 13 h 30 à 17 h. Fermé le jour de l’Ascension.
L’entrée à l’église est gratuite. En revanche, la partie musée est payante : adultes 8 €, jeunes – 26 ans 7 €, – 18 ans 4 €, – 13 ans gratuit.
Entrée gratuite avec la Musea Brugge Card.
Cette carte, valable pendant trois jours (72 heures) est en vente à la caisse de tous les musées et sites touristiques.
Tarif : 33 € pour les + 26 ans, 25 € les 18/26 ans et 17 € pour les 13/18 ans (l’entrée est toujours gratuite pour les enfants de – 13 ans). Elle donne accès gratuitement à tous les sites de Musea Brugge.
Plus d’info sur https://www.museabrugge.be/fr/tickets/museabruggecard
Hôpital Saint-Jean (point rouge n°4)
C’est l’un des plus anciens bâtiments hospitaliers d’Europe, un complexe du XIIe siècle d’une grande beauté ! Fondé en 1150, il a servi d’hôtel pour marchands, voyageurs, pèlerins et indigents. Avant de devenir un lieu de soins, de charité et de bienfaisance.
Outre une vaste collection d’objets hospitaliers, on trouve aujourd’hui au musée de l’Hôpital Saint-Jean un véritable trésor : sept œuvres du primitif flamand Hans Memling.
Citoyen brugeois dès 1465, celui-ci a vécu et travaillé dans la cité, y créant ses chefs-d’œuvre les plus importants.
Quatre de ces sept œuvres ont d’ailleurs été commandées par les frères et sœurs de Saint-Jean et sont là depuis plus de 500 ans ! Parmi elles, le Triptyque de Jean le Baptiste et Jean l’Evangéliste, dédié aux deux saints patrons de l’hôpital.
Également conservé sur place depuis la fin du XVe , le Triptyque de l’Adoration des mages émerveille par son raffinement.
Autre triptyque émouvant et profondément humain, La Lamentation du Christ a également été commandée par un frère de l’hôpital, il y a plus de cinq siècles.
Le Reliquaire de sainte Ursule,
une vraie merveille !
À voir aussi Sibylle Sambetha ou Le portrait d’une jeune femme, représentant une Brugeoise de la riche bourgeoisie.
Le Portrait d’un membre de la famille De Rojas, qui représente un homme en train de prier, est pour sa part un panneau détaché d’un triptyque.
Quant au Diptyque de Maarten van Nieuwenhove, il présente le portrait d’un jeune homme en prière, à côté de Marie et de l’enfant.
Mais si je devais choisir une œuvre de Hans Memling, ce serait ce Reliquaire de sainte Ursule, ouvrage unique combinant l’architecture, la sculpture et la peinture. L’ensemble est d’une finesse incroyable, avec des visages angéliques, presque célestes.
Nulle part ailleurs dans le monde, on ne trouve autant d’œuvres de Memling à leur emplacement d’origine !
L’Hôpital Saint-Jean en pratique
Mariastraat 38, 8000 Bruges
Ouvert du mardi au dimanche, de 9 h 30 à 17 h.
Tarifs : 15 € adultes, 13 € – 26 ans, 7 € – 18 ans et gratuit jusqu’à 13 ans.
Entrée gratuite avec la Musea Brugge Card
https://www.museabrugge.be/fr/visit/locations/sint-janshospitaal
L’Historium (point rouge n°9)
Ici, sur la place du Markt, derrière les murs de l’Historium, aucune œuvre originale de Jan Van Eyck. Pourtant, c’est bien d’un chef d’œuvre de ce Maître flamand du XVe que s’inspire l’histoire racontée au fil des salles.
Anna, jeune fille aux cheveux d’or, a quitté la toile intitulée La Vierge au chanoine Van der Paele pour devenir le personnage central d’une belle histoire. Une histoire d’amour (forcément, dans la ville du romantisme !) entre la modèle du peintre Jan Van Eyck et Jacob, apprenti de ce dernier.
Vous suivrez donc Anna tout au long de votre voyage dans le temps à l’Historium. Avant de la revoir à l’étage, dans une version libre de l’œuvre de Van Eyck.
Après cela, si vous avez envie d’admirer l’original de La Vierge au chanoine Van der Paele, filez au musée Groeninge (voir plus bas).
Même si elle n’est pas comprise dans le prix de l’attraction (déjà élevé je trouve), je vous conseille tout de même de tester l’expérience de réalité virtuelle en 4D, proposée au rez-de-chaussée. Elle vous emmène au cœur du Moyen Âge, à l’âge d’or de Bruges. On effectue un vol virtuel dans la ville médiévale, que je trouve vraiment bluffant…
L’Historium en pratique
Markt 1, 8000 Bruges
Ouvert tous les jours de 10 h 30 h à 17 h (le bâtiment et le Duvelorium ferment à 18 h), avec une nocturne jusqu’à 20 h le samedi (le bâtiment et le Duvelorium ferment alors à 22 h)
Tarifs : 22 € adultes (27 € avec la Virtual Reality), 18 € + 65 ans, + 12 ans, personnes en situation de handicap et étudiants (23 € avec la VR), 14 € enfants 5/12 ans (19 € avec la VR, mais pas de VR avant 6 ans), gratuit 0/4 ans (sans VR).
Le billet pour la Réalité Virtuelle sans visite à l’Historium est à 11 €.
Tout sur historium.be (site en français)
Cour Bladelin (point rouge n°10)
Cette maison a abrité tour à tour la luxueuse résidence de Pieter Bladelin, l’un des hommes les plus riches de Flandre au 15e, une filiale bancaire et un couvent.
Diplomate, conseiller du duc Philippe le Bon et trésorier de l’ordre de la Toison d’Or, Bladelin a fait construire cet hôtel particulier, vers 1435, sur une terre appartenant à sa riche épouse.
Sa carrière connaissant un grand essor, il n’y vivra pas longtemps.
Il loue donc la Cour Bladelin à la famille de banquiers florentins Médicis, qui y ouvre une filiale bancaire.
De cette époque, on peut voir les médaillons 15e de Laurent de Médicis et Clarice Orsini, son épouse. On les découvre dans l’agréable cour, avec ses pavés et ses haies, un petit havre de paix dans la ville.
Bladelin vendra finalement la Cour aux Médicis, peu avant sa mort. Mais la banque brugeoise ne durera pas longtemps. La propriété sera vendue et revendue au fil des siècles, jusqu’à devenir, au début du 19e, celle du prêtre Leon de Foere, qui y fonde un monastère avec une école de dentelle.
Outre la chapelle et la chambre de Sœur Gabrielle Claeys, la visite de la Cour Bladelin permet de découvrir la Salle romaine. On y voit des tableaux du 16e , dont des répliques de deux des quatre Stanze di Rafaello du Vatican, l’ancienne résidence des papes.
La Cour Bladelin en pratique
Naaldenstraat 19, 8000 Bruges
Ouvert le lundi et le vendredi, de 14 h à 17 h
Tarif : 10 € adultes, 2 € -18 ans.
Sur Visit Bruges, c’est par ICI
Pont des Carmélites (point jaune n°17)
Un large canal, celui de la Langerei qui forme une séparation entre les quartiers de Saint-Gilles et Sainte-Anne. Des quais romantiques. Des façades flamandes de caractère qui se mirent dans l’eau. Le passage de cygnes pour les plus chanceux. Et ce pont des Carmélites, qui met la touche finale à ce panorama si instagramable…
Vous avez l’impression qu’il a traversé les siècles ? Faux ! Le pont de pierre tel qu’il est aujourd’hui ne date que des années 70. Avant, il était un pont tournant en bois puis en fer…
Domaine Adornès et chapelle
de Jérusalem (point rouge n°19)
C’est un quartier légèrement excentré, un brin populaire, où peu de touristes s’aventurent. Pourtant, le quartier Sainte-Anne, avec ses rues typiques et ses moulins, mérite largement le détour.
Son joyau ? Le domaine Adornès, un domaine familial privé, édifié sous la forme actuelle au 15e siècle. Il a été créé par Anselme Adornès, riche marchand d’origine génoise, diplomate à la cour de Bourgogne et chevalier.
Diverses parties de ce domaine se visitent, à commencer par la superbe chapelle familiale de Jérusalem. Sa spécificité ? Construite au retour d’un pèlerinage, elle a été bâtie en s’inspirant des plans de l’église du Saint-Sépulcre. D’où la croix de Jérusalem sur le clocher ainsi que le soleil et le croissant de lune sur les tourelles.
D’où aussi, à l’intérieur, la crypte, avec une représentation du tombeau du Christ.
On admirera les gisants en pierre bleue d’Anselme et son épouse Marguerite van der Banck. D’Anselme, il n’y a ici que le coeur, le reste de son corps étant enterré en Écosse, où il a été assassiné.
On contemplera aussi les très beaux vitraux, fabriqués vers 1560, qui retracent l’histoire de la famille Adornès. Ce sont les plus anciens de Bruges !
Cherchez la Bruges d’autrefois…
Côté Maîtres flamands, ne ratez pas le triptyque du Christ en croix, commandé au 16e par le bourgmestre Jan de la Coste, descendant des Adornès. Dans l’arrière-plan, on peut voir la Bruges d’autrefois, reconnaissable aux tours qui existent encore aujourd’hui !
Quant au triptyque de La Vierge à l’enfant trônant, il représente Marie avec l’enfant Jésus sur son bras, entourée de sainte Barbe (à droite) et de sainte Catherine (à gauche).
Après la visite des six petites maisons-dieu et du vaste jardin, ne manquez pas The Scottish Lounge, où on peut se poser, boire un thé voire même grignoter un morceau.
Le Domaine Adornès en pratique
Peperstraat 3, 8000 Bruges
Du 1er octobre au 31 mars, ouvert du lundi au samedi, de 10 h à 17 h. Fermé le dimanche et les jours fériés.
Du 1er avril au 30 septembre, du lundi au vendredi, de 10 h à 17 h, et le samedi, de 10 h à 18 h. Fermé le dimanche et les jours fériés.
Entrée 10 €, +65 ans 8 €, 7/25 ans 6 €, gratuit – 6 ans.
Pour les familles, gratuit à partir du troisième enfant.
Gratuit pour les détenteurs du Pass musées.
adornes.org (site en français)
Quai du Rosaire (point jaune n°21)
C’est l’endroit le plus photographié de la ville ! Jusqu’à la fin du 18e, ce quai était appelé Digue du sel, en référence aux navires qui y accostaient pour décharger cet « or blanc », permettant de conserver les aliments.
Aujourd’hui, on l’appelle quai du Rosaire puisqu’il était aussi naguère le lieu idéal pour trouver un rosaire, cette sorte de chapelet fait d’ambre ou d’ivoire pour les plus luxueux.
Musée Groeninge (point jaune n°22)
Le musée Groeninge est un point jaune sur la carte ? Qu’importe ! Il faut absolument prévoir du temps pour sa visite (perso, j’y ai passé la matinée), tant c’est un concentré de beauté…
Six siècles d’art belge réunis en un seul site mais aussi et surtout une merveilleuse collection de Maîtres primitifs flamands, dont La Madone au chanoine Joris Van der Paele de Jan van Eyck. Celle-là même qui a inspiré le voyage dans le temps à l’Historium. Admirez donc cette composition sur bois et son état de conservation exceptionnel !
De Van Eyck également, un portrait de sa femme Margareta, parée à la mode de l’époque.
Et cette Vierge à l’Enfant dans un intérieur, datant d’environ 1450. Plus que le personnage central, j’aime surtout le paysage qu’on devine de l’autre côté de la fenêtre…
D’autres Memling pour compléter la collection brugeoise
Parmi les pièces maîtresses à ne pas manquer, le superbe Triptyque Moreel de Hans Memling. Je vous ai agrandi la partie de droite, histoire de mieux apprécier la finesse des visages.
Du même Hans Memling, cette Descente de croix ainsi que cette Annonciation, qui n’a rien à envier aux Maîtres italiens.
Ces œuvres, ajoutées à celles de l’Hôpital Saint-Jean, forment la deuxième plus grande collection de Memling au monde, juste derrière celle du Metropolitan Museum of Art de New York.
Outre les Maîtres flamands, vous aurez peut-être d’autres coups de cœur au musée Groeninge.
Moi j’ai particulièrement aimé Le Quai d’Henri Le Sidaner, ce peintre post-impressionniste dont je vous ai déjà parlé (lire ICI).
De la même manière, j’ai retrouvé avec bonheur Émile Claus, l’un de mes artistes belges préférés, que j’ai également évoqué dernièrement (lire ICI). Le musée Groeninge expose La Lys, l’un de ses sujets de prédilection.
Le musée Groeninge en pratique
Dijver 12, 8000 Bruges
Ouvert tous les jours, sauf le mercredi, de 9 h 30 à 17 h.
Entrée : 15 €, – 13 ans gratuit, – 18 ans 7 €, – 26 ans 13 €.
Entrée gratuite avec la Musea Brugge Card
https://www.museabrugge.be/fr/visit/locations/groeningemuseum
J’ai été invitée par #visitbruges, merci à eux !
