Envie de goûter à une ambiance « so british » sans traverser la Manche ? Rendez-vous au Château d’Hardelot, qui a donné son nom à la station balnéaire voisine. Élevée sur les fondations d’une ancienne forteresse comtale du XIIIe siècle, c’est une superbe demeure de style néo-Tudor, un vrai « morceau d’Angleterre ». Bâtie entre 1865 et 1872 par un ancien capitaine de l’armée britannique, elle a été achetée en 1897 par John Whitley. Vous savez, celui qui a créé la station du Touquet Paris-Plage, avant celle d’Hardelot-Plage. Après des années d’abandon, c’est le Département du Pas-de-Calais qui lui a redonné tout son faste et son âme. Aujourd’hui Centre culturel de l’Entente cordiale, le Château d’Hardelot vous attend…
Au dernier étage, se trouve le cabinet de travail du dernier propriétaire du Château d’Hardelot. Il s’agit de l’abbé Bouly, né à Condette, qui est à la fois scientifique, collectionneur, guérisseur (très réputé) et le premier curé d’Hardelot-Plage.
1. Sur l’esplanade devant le château, les transats binationaux

Le visiteur un peu distrait n’a pas (encore) saisi que le Château d’Hardelot raconte l’histoire des relations franco-britanniques ? Les transats qui parsèment l’esplanade devant le monument sont là pour le rappeler. Avec la moitié de l’Union Jack et la moitié du drapeau français, impossible de se tromper…

2. Dans la salle dévolue, le billard Charles X
Je ne suis pas particulièrement amatrice de billards mais il faut dire que celui-ci a belle allure ! C’est un billard français de style Charles X troubadour, qui trône dans la pièce de réception et de convivialité, agrémentée de banquettes et canapés.

Et c’est la seule pièce du manoir qui a été, en grande partie, restituée dans son état initial. Les colonnes corinthiennes sont d’origine. Quant au plafond, aux murs et au carrelage, ils ont pu être restaurés à l’identique grâce à des archives photographiques.

3. Dans l’antichambre, la colonne de la Grande Armée
Vous connaissez la colonne de la Grande Armée, à Wimille ? Cette colonne en marbre du Boulonnais, haute de 54 mètres, a été financée par les soldats de Napoléon. Car chacun a en effet fait le sacrifice d’une demi-journée de solde après le 16 août 1804, jour où l’Empereur a épinglé plus de deux mille Croix de la Légion d’honneur. Ces soldats méritants appartenaient tous à l’armée napoléonienne, stationnée dès 1803, dans le but d’envahir l’Angleterre à partir du camp de Boulogne-sur-Mer.

Donc voici cette colonne en miniature, qui orne l’antichambre du Château d’Hardelot, entrée du manoir à la fin du XIXe. Comme une invitation à aller découvrir l’originale (lire aussi ICI)…

4. Dans la bibliothèque, le portrait d’Alexandre Coquelin
Installée à l’emplacement du donjon médiéval, la bibliothèque évoque les arts du XIXe siècle. Admirez ce portrait plein de vie d’Alexandre Coquelin, acteur, écrivain et précurseur du stand-up, né en 1848 à Boulogne-sur-Mer. J’avoue que je ne le connaissais pas. Et pourtant le bonhomme était Premier Prix de comédie au Conservatoire de Paris, avant de passer par l’Odéon, le théâtre des Variétés et la Comédie française, dont il sera sociétaire.

Au fond de la bibliothèque, à droite de la cheminée, voyez aussi ce petit buste en marbre de l’écrivain britannique Charles Dickens. Il y a peu, on a donné son nom à la magnifique promenade des remparts de Boulogne-sur-Mer. Ayant passé trois étés à Condette, chez son ami Ferdinand Beaucourt-Mutuel, il adorait en effet s’y balader.

5. Dans le fumoir, Le Dévouement des Bourgeois de J. Thil
J’aime beaucoup ce tableau de 1926, peint par Jeanne Thil, qui évoque l’épisode des Bourgeois de Calais. En fait, c’est la toile préparatoire à une fresque monumentale, réalisée pour la salle du conseil municipal de l’hôtel de ville de Calais.

Cette œuvre colorée orne l’accueillant fumoir du Château d’Hardelot, décoré de tableaux et gravures retraçant l’histoire franco-britannique sur 500 ans, de Guillaume le Conquérant à Marie Stuart.

6. Dans le salon, la statue de Voltaire
Mais que vient donc faire notre Voltaire national, dans cette pièce où on se retrouve à l’heure du tea time ? En fait, le salon est consacré aux XVIIe et XVIIIe siècle, de la première Révolution anglaise jusqu’à la Révolution française. Or, en 1734, depuis Londres où il est en exil, Voltaire publie ses Lettres Philosophiques, dans lesquelles il encense le système politique et économique anglais.

7. Dans la salle à manger, le couvert diversement mis
Mais qu’elle est engageante, cette salle à manger, qui raconte l’amitié franco-britannique naissante, jusqu’à la signature de l’Entente cordiale en 1904 ! Le canon, posé le long du mur, est un cadeau de la reine Victoria à Napoléon III, signe de paix (si, si !) entre les deux pays, après des siècles de conflit.

J’aime particulièrement la grande table, bien dressée, avec une vaisselle, une argenterie et des verres de compétition !

Et à bien y regarder, je me suis rendue compte que trois couverts avaient été mis « à la française » et trois autres « à l’anglaise ». Vous connaissez la différence ? Dans le couvert « à la française », la fourchette est posée avec le côté bombé vers le haut et les dents sur la nappe. « À l’anglaise », c’est le côté bombé qui est posé sur la table, épargnant la nappe. Oui, ces petites différentes ont toute leur importance…


8. Dans l’escalier, les œuvres sur la traversée de la Manche
La cage d’escalier est une sorte de galerie, où sont accrochées des œuvres évoquant l’histoire de la traversée de la Manche. Une histoire franco-britannique souvent tumultueuse et riche en affrontements ! Beaucoup sont des marines, genre nouveau et très en vogue entre les XVIIe et XIXe siècles.

J’ai particulièrement aimé celle-ci, dont je ne connais ni l’auteur, ni la date. Je me suis juste laissé bercer par la mer et envoûter par le délicat paysage.

9. Dans la chambre de Whitley, des maillots d’un autre âge
John Robinson Whitley, voilà un nom qui me parle ! À l’origine de la création de la station du Touquet Paris-Plage, qu’il a quitté précipitamment, cet homme d’affaires britannique a acheté le manoir en 1897.
La chambre Whitley aurait donc pu être l’une des suites du club-house du golf, créé en 1905 au château. La même année, Whitley inaugure, avec d’autres investisseurs, la station balnéaire voisine. Il lui donne le nom du château : Hardelot-Plage.
Divers objets racontent l’essor du tourisme balnéaire au cours de ces années, dont ces copies de maillots de bain d’un autre âge…

10. À côté de la chambre Whitley, un service à thé
Je ne sais plus exactement où j’ai photographié ce joli service à thé d’inspiration Art nouveau, posé sur fond de papier peint dessiné par le designer William Morris. Il était le précurseur de l’Arts and Crafts, un mouvement artistique anglais.

En tout cas, ce service est so charming et représente à lui seul l’art de vivre à la britannique.
11. Dans le cabinet de curiosités, la lampe Art Déco
Last but not least, au dernier étage du Château d’Hardelot, se trouve le cabinet de travail du dernier propriétaire. Il s’agit de l’abbé Bouly, né à Condette, qui est à la fois scientifique, collectionneur, guérisseur (très réputé) et le premier curé d’Hardelot-Plage. En 1934, il achète le château et y fonde une maison de vacances pour les enfants à la santé fragile.

La pièce a été agencée comme un cabinet de curiosités, les différents objets, dont ses baguettes de sourcier, évoquant la diversité de ses talents.


Mais plus que les animaux naturalisés ou les œuvres d’art, j’ai particulièrement aimé le plafonnier avec ses motifs typiquement Art Déco. Je cherche le même genre, en moins massif, pour ma cuisine, qui va prochainement subir une nouvelle métamorphose. Alors affaire à suivre…

12. Dans le jardin, la cabine de plage
Je l’ai déjà connu mieux soigné, le jardin du Château d’Hardelot. Mais je sais aussi que l’été a été chaud et que des problèmes de personnel se sont invités pendant la même période.


N’empêche, malgré ses imperfections, il fait bon se promener dans le jardin de ce Centre culturel de l’Entente cordiale. D’autant que son accès est entièrement gratuit !


Tout au fond, une jolie cabane, qui n’est pas sans rappeler les cabines de plage d’Hardelot, trône au potager.

Le Château d’Hardelot en pratique
1 rue de la Source, 62360 Condette
03 21 21 73 65
Le monument est ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h.
Fermeture les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre.
Tarif des visites libres : 5 € plein tarif, 3 € réduit (- 18 ans, étudiants – 26 ans, demandeurs d’emploi, bénéficiaires de minimas sociaux…), gratuit pour les – 3 ans.
Et tarif des visites guidées : 10 € plein tarif, 5 € réduit, atelier enfant 5 €, atelier – 3 ans 2 €.
Il est conseillé de réserver en ligne en amont de la visite, sur la BILLETTERIE EN LIGNE
Une sacoche du Petit Explorateur, contenant des jeux et des énigmes, peut être louée au prix de 10 € à l’accueil, pour jouer en famille.
La visite est interdite aux animaux de compagnie.
À côté du château, le théâtre élisabéthain propose divers spectacles (voir sur le site).
1 Commentaire(s)
L’intérieur rénové du château d’Hardelot est ouvert à la visite. C’est une belle découverte !