Les Vosges d’ouest en est, entre culture, nature et gourmandise

Quand je vous dis Vosges, à quoi pensez-vous ? Des sommets enneigés et des stations de ski ? Oui, bien sûr. Mais le département des Vosges comporte aussi une vaste plaine, riche en patrimoine architectural, cités et sites d’exception. Mi-septembre, j’ai fait la grande traversée des Vosges, d’ouest en est, découvrant diverses facettes de ce département trop mal connu. Une première fois et un pas de côté vers l’est, qui m’ont fait reprendre à mon compte son joli slogan #jevoislavieenvosges ! Et qui vous donnera, j’espère, l’envie de tester à votre tour…

Si on m’avait demandé où se trouve la maison natale de Jeanne d’Arc, j’aurais répondu en Haute-Marne, dans la Meuse ou en Meurthe-et-Moselle. Tout faux ! Domrémy est bel et bien situé dans les Vosges. À la frontière avec la Meuse mais dans les Vosges quand même.

1. Grand, gallo-romaine et mystérieuse

Mon périple a commencé tout à l’ouest des Vosges, à la limite de la Meuse et de la Haute-Marne, où se trouve le village de Grand. Aujourd’hui petite cité de 350 habitants, elle portait mieux son nom à la fin du 1^er siècle ap. JC. En effet, à cette époque-là, Grand était une importante ville gallo-romaine d’environ 20 000 habitants ! Pourquoi cette cité a-t-elle été construite sur un plateau calcaire aride couvert de forêts, sans la moindre rivière ? C’est le premier mystère de Grand et ce n’est pas le seul !

Un autre mystère entoure en effet la magnifique mosaïque de Grand, datant du III^e siècle et redécouverte en 1880, presqu’en parfait état. Ornée de nombreux motifs géométriques et de quelques animaux, elle est, avec ses 232 m2, l’une des plus grandes mosaïques d’Europe ! Mais que faisait-on dans l’édifice qui l’abrite, l’un des plus importants de Grand ?

Était-ce un édifice où l’on rendait la justice ? Un temple ? Ou plutôt une salle de réception, salle des fêtes ou salle à manger d’une riche demeure ? Notre guide du jour penche plutôt pour cette dernière hypothèse, notamment à cause de la scène de comédie grecque au centre du tapis de tesselles.

Avant d’aller voir cette stupéfiante mosaïque, jetez un œil aux nombreuses découvertes archéologiques faites sur place. Certains objets ou sculptures sont d’une beauté étonnante, prouvant à eux seuls l’importance de Grand après la conquête romaine.

Et un amphithéâtre gallo-romain en prime !

Mais cette mosaïque n’est pas la seule surprise de Grand ! À deux pas, se trouve un immense amphithéâtre, plus grand que celui d’Arles ou de Nîmes, l’un des plus imposants de la Gaule romaine ! Également construit à la fin du 1^er siècle ap. JC, il pouvait contenir jusqu’à 18 000 spectateurs, soit la presque totalité de la cité. 

Cet amphithéâtre accueillait à la fois des jeux, des combats de gladiateurs et des combats d’animaux sauvages, mais uniquement locaux (ours, sangliers, loups, cerfs).
De chaque côté, une porte monumentale menait directement à l’arène ainsi qu’aux gradins réservés aux notables.

Son heure de gloire passée, l’amphithéâtre de Grand a été démantelé au Moyen Âge et jusqu’au 19^e siècle. Heureusement, une importante restauration, menée dans les années 90, a permis de protéger ses vestiges par une architecture en bois. Celle-ci reprend globalement l’aspect d’origine du bâtiment et c’est vrai que, vu de loin, on croit voir le monument antique. 

Site archéologique
4, rue de la Mosaïque
88350 Grand
grandlagalloromaine.vosges.fr

Le site est fermé de la mi-novembre à la mi-mars.

2. À Domrémy, voyage sur les lieux de l’enfance de Jeanne d’Arc

Si on m’avait demandé où se trouve la maison natale de Jeanne d’Arc, j’aurais répondu en Haute-Marne, dans la Meuse ou éventuellement en Meurthe-et-Moselle. Tout faux ! Domrémy, le village de la Pucelle, est bel et bien situé dans les Vosges, à l’ouest du département. À la frontière avec la Meuse certes mais dans les Vosges quand même !

Jolie surprise que ce charmant village, avec, sur le coteau de Bois-Chenu, la basilique Sainte-Jeanne d’Arc qui domine la vallée de la Meuse.

Sur son parvis, le monument Jeanne et ses voix du sculpteur André-Joseph Allar, réalisé en 1894, ne manque pas de gueule. 

À côté de la maison natale, un centre d’interprétation que nous n’avons malheureusement pas eu le temps de visiter. Dommage car cela m’aurait un peu rafraîchi la mémoire et réactivé de vieux souvenirs d’école…

Mais l’essentiel était bien sûr la maison, flanquée de son joli jardin, celui-là même où la jeune Jeanne aurait entendu des voix…

Construite en pierre, cette demeure est la preuve que Jacques d’Arc, père de Jeanne, était un cultivateur ayant une certaine aisance financière et non un simple berger. 

Aujourd’hui classée Monument historique et labellisée Maison des illustres, la demeure a bien sûr subi diverses modifications au fil des ans. Quand Jeanne avait environ 15 ans, elle a d’abord été reconstruite après un incendie. 

À la fin du 15^e, le linteau sculpté a été ajouté au-dessus de la porte. Tout comme la statue de Jeanne en armure. Plus tard, la maison deviendra grange et remise, à une époque où elle n’était plus la propriété de la famille d’Arc. 

Vue sur l’église du village

On entre dans ce qu’on appelle la « chambre natale », où ni le plafond, ni le sol ne sont d’origine. Quant à la monumentale cheminée, elle date du 16^e, un simple foyer existant du temps de Jeanne la Pucelle.

À côté, la « chambre des frères » aurait abrité Jacquemin, Jean et Pierre, même si rien ne l’atteste avec certitude.

Enfin, à l’arrière, la « chambre des sœurs », à savoir Jeanne et Catherine, possède une petite fenêtre avec vue sur l’église toute proche. C’est notamment ce détail, donné par Jeanne pendant son procès, qui a permis l’identification de la maison de Jacques d’Arc. 

Site de la maison natale de Jeanne d’Arc
2 rue de la Basilique
88 630 Domrémy-la-Pucelle
Entrée 5 € et 3 € tarif réduit
Billet couplé Domrémy et Grand 7 € et 4 € tarif réduit.
Plus d’infos sur www.maisonjeannedarc.vosges.fr

3. À Mirecourt dans les Vosges, musique au cœur

Où ont été fabriqués les violons accompagnant Céline Dion à Las Vegas ? Et l’une des guitares fétiches de Georges Brassens ? Réponse : à Mirecourt, un peu plus à l’est, dans les Vosges ! 

Voilà trois siècles que la petite cité est devenue une capitale de la lutherie et de l’archèterie (à savoir l’art de fabriquer des archets). Des artistes du monde entier ont fait et font encore fabriquer leurs instruments par des maîtres-luthiers d’ici. Sans compter que Mirecourt abrite l’unique école nationale de lutherie en France !

Pour découvrir cet univers, visite au musée de la Lutherie et de l’Archèterie françaises, le seul consacré aux instruments à cordes, qu’elles soient frottées (violon, alto, violoncelle, contrebasse) ou pincées (guitare et mandoline). Les collections y changent régulièrement et les visiteurs peuvent essayer tous les instruments présentés. 

Après le temps des premiers ateliers, Mirecourt a abrité des fabriques, employant jusqu’à une centaine de personnes chacune. Ainsi, au plus fort de l’activité, plus de 1000 personnes ont travaillé dans la lutherie et l’archèterie dans les Vosges. 

Aujourd’hui, seuls dix artisans luthiers travaillent encore en ville, sortis pour certains de la seule école en France, après 3 ans d’études. Un instrument, c’est environ 150 heures de travail et chaque luthier fabrique les siens de A à Z, avec une aide minime du numérique.

Dans un authentique atelier de luthiers

Après la visite du musée, on traverse le Madon, petite rivière locale, pour pousser la porte de l’atelier Gérôme.  Là, trois générations de luthiers de la même famille ont œuvré jusqu’à la fermeture de l’atelier, en 1994. 

Ce lieu patrimonial, où on ne fabrique plus d’instruments, permet de s’immerger dans un authentique atelier. Avec son poêle à bois, ses outils, ses instruments en devenir et son atmosphère unique. Il sert également de « couveuse » pour de jeunes luthiers tout juste sortis de l’école. 

Musée de de la lutherie et de l’archèterie 
Cours Stanislas
88 500 Mirecourt
Entrée (parcours libre) 5 € et 4 € réduit.
www.musee-mirecourt.fr

4. À Bussang, le théâtre dans la forêt 

C’est un édifice unique, entièrement construit en bois, avec les sapins et les épicéas des forêts alentours. Imaginé par Maurice Pottecher, écrivain issu d’une famille d’industriels vosgiens, le Théâtre du Peuple a été édifié en 1895 à Bussang, tout à l’est des Vosges, à la frontière avec le Haut-Rhin. Son but ? Inviter le peuple à aller au théâtre et à s’ouvrir à l’art, sans parcourir beaucoup de kilomètres.

Ce théâtre pas comme les autres, dont la salle peut accueillir 750 personnes, a dès ses débuts connu une belle notoriété nationale comme internationale. Ainsi Maurice Pottecher a-t-il reçu une chaleureuse lettre d’encouragement signée… Léon Tolstoï ! 

Mais, aujourd’hui encore, le Théâtre du Peuple, où comédiens professionnels et amateurs se côtoient, a une botte secrète. C’est sa grande scène, dont les portes coulissantes s’ouvrent directement sur la forêt ! Entre le grand hêtre du premier plan, les chants d’oiseaux et les couleurs de la forêt, ce décor naturel est simplement magique et toujours différent. 

Chaque année, à partir de la mi-juillet, une nouvelle saison théâtrale attire près de 25 000 spectateurs dans cet incroyable Théâtre du Peuple, aujourd’hui propriété de l’État.

Théâtre du Peule de Bussang
40, rue du Théâtre du Peuple
88540 Bussang
www.theatredupeuple.com

Le théâtre se visite chaque dimanche matin (même s’il y a de la neige !), à 10 h 30, du 6 janvier au 13 juillet et du 7 septembre au 28 décembre. Ainsi que tous les mardis des vacances scolaires (zone B), également à 10 h 30.

5 €, 4 € réduit et gratuit – 12 ans. Sans réservation.

Du 16 juillet au 27 août, les visites ont lieu chaque mercredi, à 10 h 30. 

5. La route des crêtes dans les Vosges et ses chamois

Si vous êtes un lève-tôt amoureux de la nature, mettez votre réveil aux aurores, habillez-vous chaudement (surtout en ce moment) et rejoignez Le Pied du Hohneck, dans le massif vosgien, à l’est du département. Cette auberge de montagne, située à environ 1250 mètres d’altitude, est un point de départ idéal pour aborder la route des crêtes du bon pied. 

Là-haut, depuis le sommet du Hohneck, vous aurez droit au grand spectacle du lever du soleil sur la montagne. Et à un émerveillement garanti, devant sommets, vallées, lacs et forêts. Avec, pourquoi pas, une vue au loin, jusqu’à la Forêt noire ou la chaîne des Alpes.

Ce qui est presque sûr, en tout cas, c’est que vous rencontrerez quelques chamois, gambadant dans le petit matin. Cela vaut bien de se lever tôt, non ?

Les bonnes adresses découvertes dans les Vosges

1. L’Évidence à Neufchâteau

Si l’hôtel 3* s’est avéré décevant et sans charme, bon point en revanche pour le restaurant, où nous avons dîné.  Plats d’ici concoctés avec de bons produits locaux, la cuisine de L’Évidence en est une pour qui vient dans la sous-préfecture de Neufchâteau. Délicieux pâté lorrain (chaud) en croûte, pour commencer.

Suivi d’une volaille jaune accompagnée d’un crémeux gratin dauphinois et de légumes. J’ai préféré ne pas prendre de dessert, le voyage dans les Vosges ne faisant que commencer…

Hôtel-restaurant-brasserie L’Évidence
2 rue de la Première Armée française
88300 Neufchâteau
levidence88.fr

2. La Marmite à Greux

Pas sûr que je m’y serais arrêtée si je n’y avais pas été invitée ! Pourtant, il suffisait de passer la tristounette façade de La Marmite pour changer immédiatement d’avis. À deux pas de la maison natale de Jeanne d’Arc, une jolie salle, un accueil souriant et du monde à table, plutôt de bon augure. 

En effet, La Marmite et sa cuisine semi-gastronomique ont largement réjoui nos papilles. Saumon mi-cuit fondant comme du beurre en entrée.

Pièce de veau (normalement c’était un magret de canard mais comme je suis très difficile…) et ses légumes en plat.

Et tartelette citron meringuée belle à croquer en dessert. 

La Marmite
3 rue Jeanne d’Arc
88630 Greux
06 36 50 66 55
lamarmite-88.fr

3. Hôtel-restaurant Le Collet à Xonrupt-Longemer

Presqu’à l’autre bout du département, dans les Hautes Vosges, le Collet, c’est une très belle table de montagne, perchée à 1100 mètres d’altitude.

Après une goûteuse mise en bouche (un espuma sur des cèpes), j’avais, ce soir-là, opté pour un « œuf de poule heureuse cuit à 64°, lentilles en ravigote et émulsion aux herbes ». Curieuse de ce qu’une poule heureuse pouvait produire, j’ai surtout été emballée par la présentation de cette entrée, posée sur un lit de paille. Ceci dit, les croutons aux fruits secs et l’émulsion valaient également le détour. Quant à l’œuf, j’avoue que je n’ai pas été capable de discerner si la poule concernée était réellement heureuse…

En plat, le cordon bleu vosgien de pintade sur un écrasé de pomme de terre avec une sauce au lard et un pesto de persil s’est avéré succulent. Avant une glace chocolat et pécan, que je n’ai pas pensé à photographier.

Chambre cocon et spa de montagne

Mais Le Collet c’est aussi un hôtel 3* (qui en mériterait largement 4, voire 5), proposant des chambres rénovées, comme des cocons. Beaucoup de bois, des formes organiques, un esprit « less is more », une immense salle de bain, un balcon avec vue sur la forêt, j’ai dormi comme un loir dans cette bulle de douceur…

D’autant que, cerise sur le gâteau, j’avais bien profité du spa de montagne juste avant le dîner. Piscine, jacuzzi, sauna, hammam, bain nordique, il y a tout ce qu’il faut pour se détendre et se ressourcer. 

Bien sûr, le chalet-hôtel a fait sienne la marque FORêT L’Effet Vosges® créée par le Conseil départemental des Vosges. Celle-ci met en avant les ressources naturelles locales propices à la déconnexion et au bien-être et Le Collet a tout bon en la matière.

Chalet Hôtel-restaurant Le Collet
Route de Colmar
88400 Xonrupt-Longemer
chalethotel-lecollet.com
Menu entrée, plat et dessert à 46 €.

4. Le Relais de Vincey à Vincey

Table d’un hôtel 3* avec piscine, ce Relais de Vincey est loin d’être une cantine améliorée pour clients souhaitant manger sur place. Très loin de là… C’est une belle adresse gourmande, où on s’attable en se léchant par avance les babines… Les deux jeunes chefs, Victor (formé à l’École hôtelière du Touquet) et Léo, proposent une cuisine locavore mettant à l’honneur les producteurs du territoire.

Mes champignons en textures, poire et roquefort, choisis en entrée, se sont révélés un vrai feu d’artifice de saveurs.

Plus classiques mais ô combien goûteux et délicieux, les ris de veau à la flamme, accompagnés d’un condiment girolles, cèpes, pomme de terre et gel abricot.

Quant au dessert, une nage de fraises, espuma verveine et pêche, j’ai encore en bouche le goût de ce nuage léger et si parfumé.

J’avais longuement hésité avec la cabosse chocolat, pistache, choisie par ma voisine de table. Magnanime, cette dernière m’a autorisée à piocher dans ses douceurs, succulentes elles aussi. 

Le Relais de Vincey
33, rue de Lorraine
88450 Vincey
03 29 67 40 11
relaisdevincey.fr
Menu en trois services dégusté : 48 € en semaine et 51 € le week-end (avec + 5 € pour le ris de veau).

Pour se renseigner www.tourisme.vosges.fr

J’ai été invitée par le département des Vosges, merci à eux !

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