Il y a un moment que j’avais envie de vous parler de la Chartreuse Notre-Dame des Prés, plus connue comme Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil. D’autant qu’il y a tout juste 150 ans qu’elle a été rebâtie par un architecte hesdinois. En grand péril jusqu’en 2016, la voici en pleine résurrection grâce à l’Association qui en possède 51%. La moitié des titanesques travaux nécessaires sont aujourd’hui terminés et le monastère retrouve peu à peu sa beauté et son ambiance méditative. Avant la fermeture hivernale, le 2 novembre, allez donc y faire un tour…
Vous souhaitez apporter votre soutien à la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil ? Faites des emplettes à la boutique ou à la petite brocante située à côté de la billetterie ! On y trouve des choses charmantes à prix modiques.
Quelques mots d’Histoire pour commencer…
Sacrée histoire que celle de la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil ! Fondée à partir de 1324 par le Comte Robert III de Boulogne, elle a été édifiée à l’emplacement de la chapelle Notre-Dame-des-Prés.
Le site, financé avec l’argent de la (fameuse) liqueur, abrite des membres de l’ordre religieux catholique contemplatif des Chartreux.
La première période monastique a plutôt été chahutée. Ainsi, entre 1354 et 1791, la Chartreuse sera détruite (et reconstruite) à quatre reprises !

Il y a tout juste 150 ans, en 1875, une nouvelle reconstruction est programmée. Elle est confiée à l’architecte hesdinois Clovis Normand, disciple de Viollet-le-Duc.
Après une seconde période monastique, les Chartreux quittent définitivement Neuville en 1905. C’est la conséquence des lois de séparation de l’Église et de l’État. Ils partiront pour Tournai puis pour l’Angleterre. Et emportent avec eux le mobilier, la statuaire, les reliques et tous les livres de la bibliothèque…

Pas un long fleuve tranquille !
L’histoire de la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil n’est pas pour autant terminée. En 1905, elle est transformée en hospice puis en sanatorium, où on soigne les malades de la tuberculose. C’est Georges Clémenceau, président du Conseil, qui viendra l’inaugurer en 1907.
Pendant la Première Guerre mondiale, elle deviendra le plus grand hôpital civil belge. Avant d’être, pendant la Seconde Guerre, un hôpital militaire.

Après le conflit, la voilà asile et hospice pour handicapés physiques et mentaux et ce jusqu’en 1998. En l’an 2000, c’est la Congrégation de la Famille monastique de Bethléem qui achète la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil, pour y faire son siège. Mais cette vente sera annulée pour cause de mérule pleureuse… Après quoi, le site sera à nouveau vendu mais cette fois par lots.

Une petite majorité (51 %) est acquise par l’Association de Préfiguration de la Fondation Chartreuse de Neuville, une association d’intérêt général. Depuis 2016, elle œuvre pour sauver ce lieu hors du commun de 18 000 m2 !
C’est le plus gros chantier patrimonial de France et, après huit années de travaux et 21 millions d’euros dépensés, il est à présent à moitié achevé. Ainsi, le corps principal, rongé par la mérule, est aujourd’hui presque sauvé. Mais il reste encore beaucoup à faire… Et toutes les subventions et dons restent les bienvenus.

Qui vivait à la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil ?
Au temps où elle était monastère, la Chartreuse abritait à la fois des Pères et des Frères Chartreux. Si, comme moi, vous ignorez la différence entre les deux, sachez que les Pères vivent plus ou moins en ermites, entre solitude, silence et prière. Leur seul but étant de se rapprocher toujours plus de Dieu. Ce qui fait de la vie de Chartreux la plus difficile du catholicisme !

De leur côté, les Frères font « tourner » la Chartreuse, en s’acquittant de travaux manuels et agricoles pendant six à sept heures chaque jour. Ils prient, lisent et étudient aussi mais beaucoup moins que les Pères.

À l’église, chacun pour soi…
L’accès à l’église se fait par la cour d’honneur, cachée derrière les premiers bâtiments. Outre l’autel, elle comprend l’espace des Frères et celui des Pères, séparés par un jubé en chêne.
Si l’église a été désacralisée en 2005, au moment de l’abandon du monastère, elle a été préservée et ses principaux éléments sont toujours là.

Seul petit changement : la ceruse blanche appliquée sur les stalles des Pères, au temps où les Petites Sœurs de Bethléem occupaient les lieux. Certains regrettent cette modification. Moi j’aime plutôt bien. Au premier coup d’œil, j’avais d’ailleurs même cru que ces stalles étaient en marbre !
Le parquet d’origine a été retiré, remplacé par ce sol, que je trouve magnifique.

La salle du chapitre, lieu de débat
C’est ici, dans la salle du chapitre, que les Chartreux évoquaient les différentes affaires du monastère, autorisés à prendre la parole.
Aujourd’hui, on y découvre l’une des activités des moines au XIXe : celle d’Imprimerie générale de l’Ordre des Chartreux.

Toutes les Chartreuses commandaient en effet leurs livres à Neuville et de très nombreux ouvrages y ont été imprimés. Quelques exemplaires ont à chaque fois été conservés sur place, ce qui explique l’importance de la bibliothèque… vidée au moment du départ des religieux.
Pour l’anecdote, pendant les années de présence belge, la salle du chapitre a été utilisée comme… casino !
La bibliothèque et son purgatoire

Concernant cette bibliothèque, gardée seulement par un Père et un Frère, savez-vous ce qu’elle comportait ? Une petite pièce adjacente baptisée purgatoire ! Y étaient entreposés plus ou moins longtemps les livres posant problème et dont il fallait valider le contenu, avant que les Chartreux puissent (ou non) les emprunter.

Du temps de l’hôpital belge, la bibliothèque était un théâtre. Avant de devenir ensuite un cinéma…
Outre le superbe grand cloître et le cloître des saints, la visite guidée permet de découvrir ensuite l’ermitage d’un Père Chartreux, son mobilier et son petit jardin.

Les ermitages de la Chartreuse de Neuville
Les Pères sortent peu de leur ermitage, ayant pour principal lien avec l’extérieur un guichet à double porte. Une côté couloir, l’autre côté ermitage, l’une des deux devant toujours être fermée ! Passent par ce guichet les repas, les livres et les diverses demandes des moines.

Les Pères assistent bien sûr à certains offices religieux à l’église mais peuvent également prier « chez eux ». Une pièce est en effet consacrée à cette fonction, au premier étage de leur ermitage.

Juste à côté, leur chambre à coucher, seule pièce chauffée par un poêle.

Pour conserver un contact avec la nature, ils bénéficient aussi d’un petit jardin, dont chacun fait ce que bon lui semble.

Dans le prolongement, un appentis abrite leur réserve de bois pour l’hiver. Ce sera à eux de couper les bûches pour les faire rentrer dans leur poêle. Une manière de faire un peu d’exercice physique, le genre qui ne ferait pas de mal à Vincent. Non, non il ne s’agit pas d’un Père Chartreux mais d’un frère. Le mien, vous l’avez (peut-être) reconnu !

Une fois par semaine, le lundi, les Pères peuvent sortir de la Chartreuse pour une longue promenade, au cours de laquelle ils sont autorisés à converser avec leur compagnon de balade.
Au total, la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil compte vingt-deux ermitages identiques, dont un seul est, pour l’instant, propriété de l’Association de Préfiguration.

Dans le grand jardin situé entre les ermitages, un ancien cimetière aujourd’hui disparu et un tilleul. Immense, il tend ses grands bras verts, comme pour atteindre les cellules monastiques.


Les jardins, poétiques et pédagogiques
Ayant fait la visite guidée de 16 h 30, il nous est malheureusement resté très peu de temps pour visiter les jardins. Pas de grand blabla donc sur ces espaces verts, comprenant notamment un jardin potager, un jardin de plantes médicinales et un cloître végétal. Mais juste quelques images pour vous faire sentir l’atmosphère du lieu.







Envie d’aider la Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil ?

Vous souhaitez apporter votre soutien à la Chartreuse, autrement qu’en la visitant ou en devenant membre de l’Association de Préfiguration ? Faites des emplettes à la boutique ou à la petite brocante située à côté de la billetterie. On y trouve des choses charmantes à prix modiques. Et frère Vincent a pu y agrandir sa collection d’argenterie…

La Chartreuse de Neuville-sous-Montreuil en pratique
1, allée de la Chartreuse, 62170 Neuville-sous-Montreuil
03 21 06 56 97
Pour les particuliers, la Chartreuse est ouverte jusqu’au dimanche 2 novembre 2025, avant la fermeture hivernale. Réouverture en avril.
La Chartreuse se parcourt en visite libre ou guidée.
Visites libres, du mardi au dimanche (et jours fériés), de 10 h 30 à 18 h. Tarif : 9 € et 4,50 € réduit. Famille (2 adultes et 2 à 5 enfants de 8 à 16 ans) 20 €. Gratuit – 8 ans
Visites guidées (durée 1 heure) chaque week-end jusqu’à fin septembre, à 11 h, 14 h 30, 15 h 30 et 16 h 30. En octobre et début novembre, du mardi au dimanche à 11 h, 14 h 30 et 15 h 30.
Tarifs : 12 € et 6 € réduit. Famille (2 adultes et 2 à 5 enfants de 8 à 16 ans) 35 €. Gratuit – 8 ans.
Pour les groupes, la Chartreuse est ouverte toute l’année, dès 15 personnes, sur réservation.
Divers événements et animations ont lieu jusqu’à décembre 2025.
Seuls les chiens d’assistance sont autorisés sur le site.
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